Argentine, nous revoilà !
(du 12/10 au 19/10/23)
Après avoir passé la frontière à Iguazú, nous retraversons la province de Missiones en vitesse car nous l’avions déjà parcourue. Notre but est d’explorer la partie nord du désert de Catamarca.
Nous laissons le Brésil derrière nous, sous le déluge. Des pluies diluviennes inondent le sud du pays. Nous le quittons finalement juste au bon moment. Les chutes d’Iguazú charrient un tel flux d’eau que certaines passerelles sont totalement sous eaux et une partie du parc, fermée au public.
Arrivés à Entre-Rios, nous faisons une petite halte dans la maison de campagne où aurait grandi en partie Ernesto Che Guevara (entre Cordoba (Alta Gracia) et Entre Rios) car l’air y était vraisemblablement plus sain pour ce petit garçon asthmatique.
Le musée est malheureusement en réfection mais une adorable personne nous laisse pénétré malgré tout dans la propriété et nous fait la visite.
Figure emblématique des années 1950, à l’origine médecin des pauvres et des lépreux en Amérique latine, le « Che »ne laisse personne indifférent. On admire ou on rejette ce révolutionnaire qui a quitté son Argentine natale pour porter mains fortes à la Révolution de Fidel Castro (Cuba). Tantôt dépeint comme un individu passionné, idéaliste et généreux, tantôt représenté comme dur, inflexible, voir même sanguinaire, le Che semble être un personnage bien complexe.
Petite église datant du début des années ’50 juste avant la propriété.
Et pour les fanas de la révolution cubaine, on est tombé sur cette ancienne carte.
La propriété, protégée à ce jour, ne fait pas l’unanimité. Peu d’Argentins âgés le portent visiblement dans leur coeur, le poids de ses crimes communistes, son apologie de la haine et de la violence le jetant encore au pilori.
Par contre, la jeunesse semble le percevoir davantage comme un héros plutôt romanesque.
La nature de la propriété est luxuriante et bien entretenue.
En chemin, nous faisons une halte à Résistencia où nous allons voir l’exposition de sculptures en plein air, dispersées dans toute la ville. Certaines d’entre elles sont intéressantes mais malheureusement souvent mal mises en valeur dans leur environnement.
Nous restons la nuit à Resistencia, le long d’un grand parc où nous faisons la connaissance d’un charmant couple d’argentins qui nous invite à participer à un barbecue chez un de leur frère oenologue qui connait fort bien certains grands châteaux en France. Nous passons une sympathique soirée en compagnie de leurs amis. Les Argentins sont souvent très hospitaliers. Ils insistent pour nous laisser un souvenir et nous offrent un pot à Maté (boisson nationale) accompagné de sa « paille » métallique.
Afin de couper la traversée de l’Argentine dans sa largeur en deux parties, nous décidons de nous arrêter en chemin deux jours dans le Parc National de Chaco. La province du Chaco est extrêmement sèche et les températures ambiantes ne cessent de grimper : 35 à 38C. Par contre, les moustiques n’ont pas l’air de s’en soucier, eux …
Tout près de nous, trois « carpinteros » (Pics) s’en donnent à coeur joie sur le tronc d’un arbre.
`
Ce parc ne nous a pas vraiment emballé. La faune se fait rare en cette période et il y fait très chaud.
En quittant le parc, nous constatons que l’air conditionné du camion ne fonctionne plus. Dehors, les maximas atteignent 46C.
Il fait suffoquant. Un arrêt s’impose dans un endroit qui dispose d’une prise de courant pour brancher l’air conditionné de la cellule où la température ne descendra péniblement qu’à 35C.
Ma que calooooor dans le Chaco !
Après Resistencia, nous visons Cafayate. La route 89 nous tente bien. Elle traverse une région encore très authentique où vivent de nombreux indiens de culture Tafi. C’est un endroit très montagneux.
Nous empruntons le Camino a Los Valles, une route historique (construite entre 1940-1943) qui permit de relier la Vallée de Calchaqui, assez isolée, à la plaine de Tucumán.
Une collection de Menhirs très anciens jonchent le sol d’une prairie à El Mollar. Autrefois, éparpillés à différents endroits de la Vallée. c’est à El Mollar qu’il fut décidé de les rassembler. Ces monolites, datant du début de l’ère chrétienne, nous informent sur différents aspects de la vie quotidienne des débuts de la culture Tafi. Dans la vision andine du monde, ils sont considérés comme des protecteurs des cultures et du bétail (fertilité) et liés à l’ascendance.
A cette époque de l’année, les cactus se parent de leurs meilleurs atouts.
Nous passons la nuit sur les hauteurs de l‘Embalse Rio Hondo. Demain, on entamera la grimpette de la montagne et le passage du col.
Notre grimpette nous fait passer au-dessus des nuages, laissant El Mollar et les villages avoisinant sous un ciel plutôt plombé.
Ensuite, arrive la grande descente sur Cafayate, par la vallée Calchaquies qui passe par le village de Tafi del Valle et Amaicha del Valle.
Amaicha del Valle :
Amaicha del Valle est une communauté du peuple Calchaqui. Les Calchaquies de la tribu Amaicha est une des rares tribus qui n’ont pas rejoint les guerres Calchaqui contre les Espagnols.
A Amaicha del Valle, se trouve un musée assez extraordinaire en plein air, le Pachamama Museo, où les oeuvres de l’artiste Héctor Cruz – peintre, sculpteur et artiste autodidacte – se déploient sur 10.000 m2. Inauguré en 1996 après 10 années de travail, ce musée évolue toujours.
L’architecture vise une interprétation des mythes et traditions de la valle Calchaqui.
Ce masque est une offrande faite par l’artiste à la Terre Mère. Il y interprète le Dieu du Soleil dans l’un de ses visages (Inti, Dieu du Soleil) et la déesse de la Lune (Quilla) de l’autre côté (sur l’image d’entête d’article), regardant vers l’ouest. Tous deux portent dans leur couronne deux félins représentant les gardiens de ces dieux. A la base, se trouvent des détails qui font allusion au passage de l’Homme dans son existence. Dans son intégralité, cette sculpture représenterait la déesse Pachamama qui possède la capacité de générer la vie avec l’aide des dieux Inti et Quilla.
La Pachamama représente la déesse-terre, la Terre-Mère des Hommes, des bêtes et des plantes dans les cultures naturistes présentes dans l’ancien Inca. Symbole de la fécondité, de l’abondance des ressources et de la fertilité des terres, elle inspire tous les rites agraires. Elle était considérée comme un être vivant qu’il convenait de respecter et à qui il faillait faire des offrandes. Très importante auprès des peuples Quechua et Aymara, elle continue d’être vénérée par l’ensemble de la population andine.
Cette sculpture à deux têtes, comme le Dieu de la Foudre et du Feu, représenterait la dualité, le monde d’en-haut et celui d’en-bas.
Guérisseur tribal ou sorcière, le « Dieu de sagesse » existaient dans les croyances de toutes les cultures originelles. Les chamans possédaient des pouvoirs surnaturels.
Cette sculpture aux deux demi-lunes est chargée de surveiller le cycle lunaire afin de déterminer le bon moment pour les plantations. A travers les phases de la lune, le cycle fertile des femmes est également contrôlé.
Ci-dessus, une interprétation de l’artiste de la déesse qui fournit de l’eau pour les cultures. Son visage regarde en permanence le ciel en demandant de l’eau.
Dans presque toutes les cultures primitives, le Soleil était le Dieu principal. Avec sa chaleur, il faisait fondre la neige des montagnes, remplir les rivières de l’élément vital (l’eau).
Dans les provinces du nord de l’Argentine, comme Jujuy et Salta, la Pachamama est toujours vénérée lors de cérémonies au cours desquelles toutes sortes de nourriture, de boissons ainsi que des feuilles de coca sont offertes à la Terre mère.
Notre arrivée sur Cafayate nous plonge dans un tout autre horizon, celui de la région des vignobles où de merveilleuses demeures nous accueillent pour y déguster leurs vins.
Inutile de vous dire que nous nous en sommes donnés à coeur joie…
… tout en laissant notre monture profiter de la vue sur ces gigantesques vignobles.
Nous n’avons pas encore atteint le nord du Catamarca mais il se rapproche. Les distances sont énormes et les découvertes en chemin, innombrables.
Argentine, tu as séduit indéniablement notre coeur !
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Que d’aventures, avec le Che, les moustiques et la chaleur! Entre temps, l’Argentine a élu un nouveau Président, pour le meilleur, ou pour le pire!
Oui, un populiste anciennement présentateur de TV… Avec sa tronçonneuse, il prévoit de sacrées coupes dans les dépenses et les assistés, 60% de la population, vont souffrir s’il tient ses promesses, ce qui n’est pas souvent le propre des élus. Le temps nous le dira.
Merci à nouveau pour ce partage et le récit de vos magnifiques aventures! Que ça fait du bien de vous lire. C’est comme un feuilleton dont on attend l’épisode suivant avec impatience Bizzzz à vous deux
Une véritable saga dans les pays andins. Et, on ne vous dit pas tout… 😉
Super reportage qui nous rappelle notre voyage a Cuba pendant 20 jours où nous avons fait tout le tour et visiter plusieurs musées (Castro-Che)
Comment avez-vous trouvé les vins rouges ?
On en reparlera fin décembre
BisouPaul
Comme partout, il y a du bon et du moins bon. Les vins de très hautes altitudes (2.300 m) sont assez étonnants, tant en blanc qu’en rouge. Le torrontès, cépage greffé entre le criolla blanc et le muscat d’Alexandrie est très agréable.
A tout bientôt… le retour approche à grands pas.
Encore un très beau reportage !
Concernant le Che, nous avons également pu nous faire une opinion différente à Cuba, notamment en lisant le livre en Espagnol de son épouse. Moi qui le trouvais plutôt héroïque, j’ai vite compris mon erreur.
J’espère que vous avez pu réparer l’air conditionné rapidement !
A bientôt
Bisous
Emile et Annie
Ah que de belles choses, vos yeux doivent être fatigués !
Kiss de DD et Titi
Hello les amis,
Merci pour ces nouveaux cours d’histoire, de géographie et de botanique appliqués à l’Amérique Latine.
On se régale encore et toujours dans l’attente d’un prochain carnet de voyage.
En France, à part la météo (TVB) ; étions en famille quelques jours dans l’ile de Ré…
Biz à partager
Colette et Alain