Au pays de la banane

(Du 1/07 au 7/07/24)

L’EQUATEUR

Après trois mois passés à visiter le Pérou, nous passons enfin la frontière équatorienne.
D’entrée, le changement de paysage est assez radical : bananeraies à perte de vue, forêt tropicale et montagnes vertes très vallonnées constituent rapidement nos panoramas.
L’Equateur est le premier pays exportateur mondial de bananes : il en aurait exporté 6,5 millions de tonnes en 2023.
Ce n’est donc pas étonnant de voir de la banane à tous les coins de rue (façon de parler).
Un régime entier de petites bananes bien sucrées peut s’acheter ici pour la modique somme de 2$ sur le bord de la route.

 

 

zone exceptionnellement aride sur notre trajet

 

 

Notre monture nous emmène droit vers la ville de Cuenca, située à quelques 2.500 m d’altitude, dans la province d’Azuay, au coeur d’une contrée montagneuse, la Serrania de Cuenca.
Attirée par la réputation charmante de la ville, elle en a oublié de prendre une bifurcation… nous manquons donc les petites villes de Loja, Vilcabamba et le parc Podocarpus. Tant pis, on ne peut pas tout voir… Lorsque nous en prenons conscience, le détour serait de 600km 🥴.

Nous tombons rapidement sous le charme de la ville de Cuenca où le soleil nous accompagne tout au long des cinq journées que nous passons à la sillonner, même si parfois certains nuages se veulent menaçants.

Elle fait partie de ces villes paisibles, bien qu’animées, où l’on se sent tout de suite bien.
Après notre coup de coeur pour Sucre en Bolivie et Arequipa au Pérou, Cuenca est assurément la petite perle de l’Equateur.
Son centre regorge de magnifiques bâtisses coloniales, de petites placettes verdoyantes et d’élégantes églises.
Grâce à la préservation de son paysage urbain d’origine, sa forteresse médiévale et sa richesse architecturale diversifiée, elle a été déclaré Patrimoine de l’Humanité par l’Unesco en 1996.

 

 

 

 

 

Sur sa place centrale agréablement ombragée s’élèvent les magnifiques dômes bleus de la cathédrale Nueva qui rappellent étrangement ceux des églises orthodoxes. On les aperçoit de très loin. Quant à la cathédrale Vieja, édifiée au XVIe siècle, elle est devenue un musée religieux.

 

 

 

Un très ancien bâtiment surplombant la place accueille un immense magasin de vêtements sur 5 étages et un ascenseur vous élève sur son toit d’où la vue est absolument magnifique. Un joli bar-restaurant y a d’ailleurs établi ses quartiers.

 

 

Sur la placette d’une autre église située sur le flanc de la cathédrale, un petit marché aux fleurs égaye joliment les lieux.

 

 

Le coeur de la citée équatorienne ne s’anime vraiment que vers 10h30 du matin.
Nous nous y baladons depuis un petit moment déjà lorsque soudain notre odorat est mis à dure épreuve, dans le bon sens du terme.
De petites « panaderia » en pagaille ont poussé dans les ruelles et laissent échapper un délicat fumet irrésistible de pains chauds et de viennoiseries. Cela fait des « siècles » que nous en sommes sevrés car au Pérou, à ce point de vue, ce n’est vraiment pas le Pérou ! Alors, inutile de dire qu’on ne s’est pas fait prié : pains variés et koukskes sont entrés dans nos paniers dont quelques croissants d’un croustillants ultra léger, merveilleusement chocolaté.
Pour nous, c’était byzance après des semaines d’abstinence…

 

 

Une autre spécialité d’un tout autre style envahit également les rues : l’espumilla, un dessert très apprécié des équatoriens.
On en trouve partout, sous différentes formes, même le long des voies rapides.
Ce dessert a la particularité de ne pas fondre avec la chaleur. Essentiellement composé de blanc d’oeuf, de sucre et de purée de fruits (souvent de la goyave), il est extrêmement léger et onctueux.
Mais, bien qu’il soit très populaire, nous ne ferons toutefois pas partie de ses adeptes, trop habitués que nous sommes à nos merveilleuses glaces lactées et nos sorbets fruités. Trop sucré à notre goût.

 

Ici, un homme fait sa prière en se frappant maintes fois la tête sur les portes d’une église. J’ai eu mal pour la porte.

 

 

Non, ce n’est pas un show room automobile, mais une chocolaterie où les équatoriens adorent venir manger.

 

 

Si Cuenca regorge de desserts meringués, de nombreuses petites boulangeries et de quelques chocolateries, elle est surtout réputée pour ses fameux chapeaux Homero Ortega, le chapeau de Panama, fabriqué à Cuenca et non au Panama contrairement à ce que l’on pourrait croire ! Son musée est des plus intéressants.
Ici, la culture de la paille toquilla et son tissage sont tout un art.
A force de mois de travail, certains élaborent des chapeaux d’une telle finesse qu’ils en deviennent de véritables oeuvres d’art qui peuvent se vendre, pour la catégorie des ultra-fins, au-delà de 6.000 euros pièce.
C’est certes très onéreux mais nous découvrirons à notre grande surprise deux semaines plus tard que ce ne l’est pas tant qu’on le pensait…

Difficile de résister devant les authentiques chapeaux de Panama couleur sable… Heureusement, il y en a pour toutes les bourses, selon la finesse de la fibre et la qualité du travail.

 

 

 

De nombreux équatoriens portent un chapeau mais il s’agit souvent d’un chapeau Panama basic dont la toquilla est peinte en blanc.

 

Au hasard de nos pas, nous débusquons même un petit réparateur de sombrero qui n’a vraiment pas l’air de manquer de boulot.

 

 

 

Nos pas nous entraînent rue de La Condamine dans le quartier d’El Vado, un quartier populaire qui, avec son allure élégante, évoque les souvenirs d’une époque de splendeur. Dans ce quartier, on effectuait les principaux métiers traditionnels de la ville et dans ses célèbres maisons, on organisait des réunions entre poètes et musiciens.

 

 

Clinique Bolivar

Plusieurs maisons peuvent se visiter, telle que la Maison Sojos, la Clinique Bolivar anciennement maison de la famille de Manuel Felipe Ullauri Romero, la Maison de Coco, un merveilleux exemple de fusion entre style colonial et décoration française.
Nous optons tout d’abord pour la Maison de la Biennale, aujourd’hui centre d’expositions diverses, l’un des meilleurs exemples de la francisation de l’architecture et la décoration apparue au début du XXème siècle à Cuenca.
Son propriétaire, Antonia Alvarado acquis la propriété en 1907 et la redessina complètement, combinant compréhension personnelle de l’espace et de la lumière avec les exigences de son entreprise. En prenant comme modèle des cartes postales d’origine europénne, Alvarado a décoré les murs de sa maison avec de peintures murales assez bucoliques tandis que les nombreux papiers peints et appliques en laiton polychrome qui décorent le bâtiment sont dus au fait qu’il importait et vendait ces matériaux. C’était en quelque sorte aussi son show-room.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien des années après, la maison a été divisée en appartements et des murs qui n’existent plus aujourd’hui ont malheureusement abimé certaines fresques.

 

 

 

 

 

 

Nous poussons ensuite jusqu’à la Casa de Coco mais malheureusement, ce n’est pas le bon moment pour la visiter.
Nous n’avons vue que son patio intérieur devenu un salon de thé et de dégustation de chocolats.

 

 

 

 

Nous avons particulièrement aimé les rues Simón Bolivar et Mariscal Sucre où se rassemblent de nombreux anciens bâtiments.

A l’extrémité de ces deux rues parallèles, nous tombons sur la place San Sébastian qui accueille le musée d’art moderne dans un bâtiment qui eut diverses affectations dont notamment une prison.
Au coin opposé de la place, un bon belge bien de chez nous a ouvert une brasserie où l’on trouve un nombre incroyable de bières belges. On ne s’est vraiment pas fait priés ! Nostalgie oblige : un parfait moules frites bière juste pour le fun car question moules, cela n’avait évidemment rien à voir avec nos bonnes moules zélandaises.

 

 

 

Nous y sommes retournés une seconde fois pour y rencontrer une famille de belge originaire de Gand, Jan – Caroline et leurs deux enfants, avec qui nous avons passé plusieurs heures bien sympathiques à échanger de bons plans sur la comète.

 

A Cuenca, s’il n’y a pas de « panaderia » dans les parages,  ce n’est pas grave, on s’en invente une…

 

Il y a même une enseigne de fabriquant de chaussures qui ne manque pas de goût.    😄

 

 

Au gré de nos pas, un petit anachronisme retient notre attention : tandis qu’un jeune homme vêtu légèrement tapotent sur son gsm, une dame se protège de son parapluie. Pourtant, il ne pleut pas.
Notre origine associe irrémédiablement le parapluie à la pluie, mais ici, il sert souvent à se protéger du soleil.

 

Une très ancienne pharmacie nous semble avoir tout compris : d’un côté, elle vend de l’alcool, de l’autre de quoi soigner la gueule de bois…🤪

 

 

 

 

Dans la jolie cour intérieure le long de la cathédrale se nichent quelques petits restaurants et commerces artisanaux.
Le Bistrot, ouvert par un français depuis plusieurs années, peut certainement réconforter les nostalgiques de plats franco-français.
Nous n’y avons pas goûté mais nous lui avons acheté sa baguette et son pain de qualité. Le sevrage a été tel que nous avons même nourri notre congélateur affamé.

Tandis que nous dégustons tranquillement un capuccino sur la terrasse du bistrot, la place accueille de jeunes mariés et leur petite fille d’honneur. Ce sont de très très jeunes mariés…Du lait sort presque de leur nez. Ici, comme souvent en Amérique du sud, on se marie souvent dès l’âge de la puberté. C’est pas mal finalement : pas de « Tanguy » à la maison. 🥳

 

Cour intérieure du palais de justice

 

 

 

 

Un petit tour au Musée ethnographique Pumapungo nous fait découvrir l’important héritage que les Incas ont laissé lors de leur passage par le centre administratif, militaire et religieux qu’était Pumapungo, à l’époque, deuxième en importance après Cusco.

 

 

Mais nous avons surtout aimé la partie valorisant les différentes cultures, dont la culture Cañari, groupe ethnique de langue Quichua-espagnol, grands gardiens de ses traditions et de sa culture, riche en manifestations musicales.

Ou encore, les Quichuas de l’Amazonie dont la base idéologique de l’organisation sociale est sa cosmologie, exprimée en croyances qui maintiennent la continuité à travers la tradition orale, la filiation et les mariages. La culture du manioc illustre la division fondamentale du travail entre hommes et femmes : les hommes défrichent la terre, les femmes plantent.
Ils vivent en communauté et bien qu’il y ait un chef, le pouvoir est entre les mains du chaman, seul capable de communiquer avec les forces surnaturelles.

Et très surprenants sont les Shuar qui vivent au sud de l’Amazonie équatorienne et au nord de l’Amazonie péruvienne, à plus de 2.000m d’altitude, au coeur d’une végétation très dense, de nombreuses cascades qui descendent des Andes vers la jungle longtemps impénétrable. La vision du monde des Shuar est basée sur leur mythologie. Les mythes et les comportements rituels représentent un ensemble de principes et de normes de vie. Sans le mythe, leurs activités ne sont ni comprises ni expliquées.
L’usage d’hallucinogènes fait partie intégrante de leur culture. Il leur permet d’entrer en contact avec Arútam (chef de la vie et de la mort qui est représenté par l’eau et vit dans les cascades) qui leur révèle, en rêve, la valeur et la raison de leur existence et leur donne la force pour toute entreprise. Dès qu’un Shuar naît, on lui donne un hallucinogène pour l’aider à entrer dans la vraie vie.
Le rite le plus surprenant de ce peuple est celui de la « tsantsa » (têtes réduites à la taille d’un poing). Deux hypothèses :
Soit il s’agissait d’un échange d’âmes : en tuant le meurtrier, son esprit était envoyé dans les limbes dans lesquels se trouvait sa victime.
Soit, c’était un transfert de pouvoir, du défunt à son assassin.
Dans tous les cas, ce rituel signe une tentative de rétablir le cycle cosmique : vie-mort
Cinq vraies têtes réduites sont exposées dans des caissons de verre. Le procédé et le résultat sont hallucinants mais font quelque peu froid dans le dos.

 

Pas certains qu’on ira leur faire coucou dans le fin fond de l’Amazonie finalement, même si ce rituel semble s’être arrêté dans les années 40… Pas trop envie d’avoir nos deux têtes en pendentif.

Avant de quitter la région de Cuenca, nous partons faire une petite boucle dans les montagnes avoisinantes où se nichent quelques villages à l’artisanat soi-disant intéressant… Non, Lonely Planet n’a pas toujours raison ! C’était carrément « bof ».
Magasins de cuir et de petits bijoux en or pullulaient les uns à côté des autres, sans grand intérêt pour nous.
Nous avons toutefois gardé de ces villages quelques images de l’ambiance localeoù la majorité des femmes ont les cheveux tressés.

Préparation du Cuy, sorte de cochon d’Inde enfourché sur un gros bâton, cuit au feu de bois.

 

 

 

 

Quand l’or et la pauvreté qui se rencontrent…

 

 

A bientôt côté Pacifique !

 

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Marie
Marie
3 mois il y a

Une fois de plus merci pour ce reportage riche et authentique. Et je confirme: leurs goûts en terme de magasin de souliers est on ne peut plus que parfait: Bizettes

Moens Marcel
Moens Marcel
3 mois il y a

Très sympathique, et il y a même les odeurs. Je pensai aux gâteaux, pas aux moules. JP, superbe chapeau, mais les chaussures ne s’accordent pas, à mon avis! Belle route et à bientôt!

Marc & Geneviève
3 mois il y a

Encore un chouette billet ! Bravo et merci pour le partage

ALCOL
ALCOL
3 mois il y a

Hello les amis,
Bravo et merci pour ce nouveau reportage.
L’équateur a vraiment de nombreux atouts…
Biz à partager
Colette et Alain

marie
marie
2 mois il y a

Bonjour tous les 2! et merci pour ce partage. J’ai salivé pendant toute ma lecture! Toujours enchantée par vos aventures, belles photos et reportage de qualité. Bises de nous 4