Bolivie, tes couleurs pétillent – 2. Salar Uyuni
(Du 14/11/23 au 17/12/23 – Partie 1 et Partie 2) – Puis, retour Belgique jusqu’à mi-février.
PARTIE 2 – SALAR UYUNI – RETOUR SALTA VIA CHILI
A notre retour du Sud Lipez, nous quittons rapidement la ville de Tupiza pour rejoindre Uyuni.
Un peu de repos à Uyuni n’est vraiment pas de refus. Ces quatre derniers jours furent merveilleux mais bien intenses.
Le marché d’Uyuni s’étire tout en longueur dans une des rues principales de la ville. Il nous séduit d’emblée par ses couleurs vives et lumineuses. Ici, le chapeau est à l’honneur chez les femmes qui arborent des tenues bien particulières et laissent pendre dans leur dos de longues tresses, garnies, atteignant souvent le bas de leurs reins. Je reste subjuguée par la longueur de leurs cheveux qui, non tressés, doivent gagner encore quelques centimètres supplémentaires.
Souvent assises à même le sol ou sur une petite caissette, elles se font la conversation à l’ombre des parasols.
On y trouve véritablement de tout, fruits et légumes à profusion, poissons, poulets et viandes variées, vêtements et petits outillages.
Pour les passionnés de vieilles locomotives, Uyuni dispose d’un cimetière de trains très anciens situé à 3 km environ de la gare d’Uyuni. Mais, si chez nous les trains sont restaurés pour leur donner une seconde vie, en Bolivie, ils sont plutôt pillés et abandonnés au sable.
Ici, le temps semble s’être arrêté.
Un terrain, battu par les vents, accueille ces vieilles locomotives à vapeur datant du début XXème siècle, sensées finir tranquillement leur vie. Enfin, “tranquillement” est un bien grand mot…C’est devenu une véritable attraction touristique locale. Un défilé de 4×4 y amène les touristes qui se refont un « film d’époque » sur leur gsm.
Finalement, on s’est laissé aussi un petit peu prendre au jeu, une fois la horde de touristes évaporée.
Un artiste s’est même exprimé avec les matériaux glanés sur place.
La première ligne de chemin de fer en Bolivie relia Antofagasta à Uyuni. Son tout premier train date de novembre 1890.
Ces trains étaient utilisés pour le transport des minerais d’argent.
Pour les amateurs de Pizza, Uyuni cache au rez-de-chaussée d’un hôtel, une délicieuse pizzéria (Minuteman Pizza) qui vaut le détour ! On s’y est régalé. En outre, c’est un véritable lieu de rencontre de voyageurs venant de toutes contrées.
Après avoir récupéré de notre fatigue et protégé le châssis de notre véhicule avec de l’huile de vidange contre l’agression du sel, nous reprenons la route un jour plus tard, pour le SALAR D’UYUNI, la plus grande étendue de sel au monde d’une superficie d’environ 10.582 km2, presque la superficie de la Flandre !
Situé à 3.658m d’altitude, ce paysage désertique est né suite à l’assèchement d’un immense lac préhistorique.
Parfaitement plat, il est composé d’un sel d’une blancheur étincelante, de différentes formations rocheuses et d’îles parsemées de cactus dont l’île centrale d’ Incahuasi qui semble sortie de nulle part.
Dans ce désert, le blanc du sel contraste vivement avec le bleu du ciel et crée un décor presqu’irréel.
En chemin, nous nous arrêtons sur la banquise au premier hôtel au monde construit avec des briques de sel, taillées.
A droite de l’hôtel, les drapeaux de nombreux pays flottent au vent. Nous aussi par ailleurs, soulés que nous sommes par cette blancheur à perte de vue, à perte de repères.
Depuis 2014, le Salar a accueilli, à plusieurs reprises, le fameux rallye-raid auto-moto, le Dakar.
Prendre l’apéro en admirant le coucher du soleil sur cette immensité immaculée reste un moment magique.
Après le départ des touristes qui ne sont que de passage, le calme revenu est total. La nuit est d’un silence quasi impénétrable.
Nous y passons deux jours avant de revenir à la ville d’Uyuni pour faire nettoyer le dessous du camion et en profitons pour changer les deux batteries du porteur qui sont affaiblies.
C’est ici que nous nous séparons de nos amis, Luc et Sabine. Nous devons faire route vers le Chili et le désert d’Atacama pour rejoindre l’Argentine par El Paso de Jama tandis qu’ils poursuivent leur voyage encore quelque temps en Bolivie où nous reviendrons dès notre retour de Belgique.
En route pour San Pedro de Atacama (Chili) :
Après une nuitée passée au dernier village juste avant le poste frontière, Estacion Avaroa, nous quittons ce morceau de Bolivie enchanteur, heureux de savoir que nous allons y retourner.
Du côté chilien, la petite ville d’Ollagüe n’offre rien d’attirant. Nous passons notre chemin.
La base du volcan Ollagüe, situé sur la frontière entre les deux pays, est gigantesque. Il culmine à 5.868 m d’altitude. Il nous faut le contourner pour trouver la piste qui mène à la ville de Calama.
Au sommet, ce ne sont pas des nuages…Une large fumée s’y échappe réellement et prouve la légère activité de ce volcan.
Nous sommes à 3.700 m d’altitude dans les hautes terres de la région d’Antofagasta. La piste que nous empruntons après le passage de frontière est en très bon état. Elle nous offre des vues magnifiques sur les volcans environnants, le Salar de Chiguana et le Salar d’Ollagüe (133 km2) que nous longeons un très long moment.
Ollagüe, dont le sens en aymará signifie « Belle vue », mérite vraiment bien son nom.
Le petit hameau traversé plus loin est très probablement habité par des personnes qui travaillent dans les exploitations minières environnantes. L’habitat y est extrêmement sommaire.
Avant d’atteindre la ville de Calama, un petit détour par le village de San Francisco de Chiu-Chiu s’impose.
Située à 2.500 m d’altitude, sa petite église catholique romaine San Francisco, fondée en 1540, est la plus ancienne église du Chili, déclarée monument national en 1951.
Construite en adobe et blanchie à la chaux, ses armatures sont réalisées en bois de cactus.
Son architecture nous transporte dans une époque lointaine et sa blancheur quasi immaculée sur fond de ciel bleu inspire paix et silence.
Ici, les habitants du village, charmants et accueillants, sont de l’ethnie Atacama.
Le Chili demeure le premier producteur mondial de cuivre. D’immenses exploitations minières jalonnent ci et là notre route.
La plus importante de toute, la mine de Chuquicamata, est la plus vaste mine de cuivre à ciel ouvert au monde. Elle se situe à environ 15 km de la ville de Calama et contient à elle seule 13% des réserves mondiales de cuivre. Nous avons essayé de la visiter mais cela est devenu très compliqué. Il y avait bien un moyen mais il nous aurait fallu patienter 3 jours à Calama avant de pouvoir, peut-être, y arriver. Nous avons lâché prise !
Calama nous garde une après-midi et une nuit, le temps de refaire quelques provisions. Ici, le camping est de rigueur.
La ville n’est apparemment pas très « safe ». En tous les cas, les gens autour de nous ne cessent de nous dire de faire bien attention. Il doit donc y avoir du vrai là-dedans, même si nous ne le ressentons pas vraiment. Il est vrai que beaucoup d’étrangers travaillant dans les mines y circulent.
Nous tombons sur un camping où vivent plus d’une cinquantaine de chats, de toute génération. Je n’ose pas imaginer celui qui viendra ici dans un an… La population aura certainement triplé ! Heureusement, leur fief se trouve de l’autre côté du terrain par rapport à notre emplacement.
Avant d’accoster à San Pedro de Atacama, nous prenons la piste qui mène à la vallée del Arcoiris, la vallée arc-en-ciel, située dans le bassin du Rio Grande. Les couleurs des roches sont beaucoup plus libérées, colorées et nuancées au moment du coucher du soleil mais nous y arrivons en matinée et voulons atteindre San Pedro de Atacama aujourd’hui encore.
Dans cette vallée, nous sentons quelque peu observés … Serait-ce le gardien de ces lieux ?
Ou, cet âne tout là-haut qui semble faire le guet, tel un indien veillant sur ses terres…?
Nous quittons la vallée Arcoiris par l’autre piste pour rejoindre le site de Yerbas Buenas, une zone de grande importance historique en raison de l’un des groupes de pétroglyphes les plus importants de la région.
Des caravanes indigènes traversèrent cet endroit depuis le nord-est de l’Argentine et les hauts-plateaux boliviens avant d’atteindre l’océan.
San Pedro de Atacama :
Avant d’entamer notre voyage, San Pedro de Atacama faisait partie de notre « to do list », lieu mythique qu’il ne fallait absolument pas rater… Il s’agit certes d’un point de départ touristique pour visiter des lieux qui méritent le détour. Mais il s’agit surtout d’un lieu de tourisme de masse, peuplé de multiples agences de voyage qui vendent, à prix élevés, des paysages que l’Argentine nous a gracieusement dévoilé dans sa grande bonté.
Nous posons notre monture juste en face du bâtiment des bomberos (pompiers) et devant le cimetière où nous passons une nuit bien au calme : aucune incendie n’a été déclaré dans les environs et les ancêtres n’ont pas fait la fête dans la nuit étoilée. 😅
Le lendemain, après un délicieux petit déjeuner avec du vrai pain à la française provenant de la « Franchuteria » du coin, un diamant pur dans un désert boulanger depuis des semaines, nous décidons d’aller faire un tour dans le sud du désert d’Atacama, le pendant chilien du désert du Catamarca argentin (un de nos grands coups de coeur) , situé de l’autre côté de la cordillères des Andes.
En 2020, nous avions déjà traversé le tropique du Cancer au Mexique. Voilà maintenant que nous croisons celui du Capricorne.
Plus loin, sur notre gauche, au sommet de cette piste, se trouve les Lagunas Miscanti et Miñiques, bien gardées et gérées par la communauté Atacameña. Tout est à réserver et payer à la petite ville de Socaire avant, faute de quoi l’entrée tout là-haut vous sera refusée.
Inutile de vous dire que, sur ce coup-là, on a été plutôt distraits, voir nullissimes ! Un grand panneau d’information se trouvait à l’entrée du village et des amis nous en avaient parlé plusieurs semaines plutôt.
Ben oui, quand on n’a pas de tête, faut du carburant !
A l’entrée, c’est le retour à l’école primaire. Ils ont sorti le jeu de société de mon enfance. Une autochtone nous explique comment réaliser le parcours, sa petite voiture miniature à la main. Le règlement est sacrément stricte.
Mais, probablement est-ce la seule façon de protéger cette merveilleuse nature originelle des comportements anti-responsables des touristes sans respect… Autant le prendre ainsi car le détour en vaut sacrément la chandelle.
Laguna Miscanti (allongée) :
Laguna Miñiques et son volcan (plus arrondie) :
Ces lagunes font partie des 7 lieux qui composent la Réserve Nationale Los Flamencos. Leurs eaux sont d’un bleu profond. Elles seraient à l’origine d’une éruption du volcan Miñiques et c’est précisément une coulée de lave du dit volcan qui sépare les deux lagons.
Le jour du grand retour en Belgique approche… Nous devons ramener le véhicule en Argentine, précisément à Salta où nous avons trouvé un terrain sécurisé pour deux mois. Elysabeth, la propriétaire de l’Hosteria El Portal de los Cerrillos, est charmante et nous lui confions notre camion sans peine. L’aéroport de Salta est à 15 minutes de là.
Pour rentrer en Argentine, il faut traverser Le Paso de Jama, un long col andin culminant à 4.280 m d’altitude qui relie San Pedro de Atacama (Chili) à la province de Jujuy (Argentine).
En chemin, nous croisons la route d’un jeune couple de brésilien complètement dépités. Ils voyagent avec un très ancien combi VW, chien et chat en prime, et tente de rentrer au Brésil après un long voyage. Leur van ne parvient plus à grimper à la passe à cette altitude.
Epicureman au grand coeur leur propose de les tracter le lendemain matin jusqu’au sommet, après une nuit à 3.500m qui nous assure, en principe, un meilleur sommeil qu’à plus haute altitude.
Hélàs, au petit matin, alors que le combi tente de démarrer, son embrayage le lache. Des larmes de désespoir coulent sur les joues du brésilien. Visiblement, ils n’en sont pas à leur première avarie…
Il faut dire aussi que leur véhicule affiche 380.000 km au compteur !!! Un âge « canonique ».
Bloqués sur place, nous redescendons pour eux à San Pedro pour faire ressouder l’extrémité de l’attache de leur embrayage qu’il a pris le temps de démonter.
Une bonne heure plus tard, le temps de trouver la main d’oeuvre adaptée, nous lui apportons le précieux grigri qui lui permettra de rentrer chez lui. Le remontage fini, ça y est, c’est reparti !
Arrivés presqu’au sommet, le jeune brésilien nous arrête parce que ses freins chauffent trop fort et ça commence à sentir vraiment le brûler.
Mais mon ami, pourquoi as-tu passé ton temps à freiner alors que tu étais tracté en montée….??!!!
A leur demande, nous les laissons là, le temps que tout refroidisse. Il fait bien froid tout là-haut, 10 minutes suffiront.
Rassurés, nous les retrouvons au passage de frontière. Il ne leur reste plus qu’à descendre. Ils ont l’air soulagés;
Nous ne saurons hélas jamais s’ils sont finalement arrivés à bon port, au Brésil. Un tout petit mot n’aurait pas fait de mal à une mouche…
Pour revenir sur Salta, nous opérons un petit détour par Salinas Grande et Purmamarca par la ruta 52 qui vaut le détour.
La vallée entre Tres Morros et Purmamarca est très abrupte et la route bien macadamisée pour une fois est constituée de nombreux lacets en épingle à cheveux.
Purmamarca :
En langage Aymaras, Purmamarca signifie ville désertique. Ici, c’est loin d’être désertique. Disons que les terres ne semblent pas cultivées.
Bien que très touristiques, ce petit village n’est pas désagréable et y flâner à l’ombre des arbres de sa place principale en regardant les passants est parfois bien divertissant.
Le village, posé au pied d’une très belle colline multicolore, le Cerro de los Siete colores. appelle à la ballade.
Pour rentrer sur Salta, nous décidons d’emprunter une piste qui nous relie à San Antonia de Los Cobres. Cette piste longe un bon moment Salinas Grandes.
Un petit village abrite les communautés aborigènes Inti et Killa. Il a été construit à peine plus loin du village de leurs ancêtres qui travaillaient dans les mines autrefois.
Le village est désert, les enfants sont à l’école mais nous rencontrons tout de même une personne qui prend le temps de nous raconter son histoire en quelques mots.
L’arrière des Salinas Grandes est plus étendu que nous le pensions. Voilà déjà plusieurs km que nous roulons.
Depuis San Antonio de Los Cobres, la Ruta 51 traverse la très jolie quebrada del Toro qui nous ramène enfin à Salta.
L’heure du retour a sonné. Nous bichonnons une dernière fois Epicureman avant le grand saut sur le continent européen et préparons nos sacs, le coeur heureux de retrouver tout ceux que nous aimons.
Ces deux dernières News Letters ont été écrites avec retard. Nous sommes enfin à jour. Au moment où je termine ce dernier article, nous venons de reprendre pieds en Argentine et préparons notre véhicule pour passer définitivement en Bolivie.
L’Argentine restera à jamais dans notre coeur. Sa Dame Nature et ses habitants nous ont tant offert qu’il nous sera impossible de ne pas la célébrer. Nous espérons demeurer parmi ses meilleurs ambassadeurs.
A bientôt pour notre retour en Bolivie !
Toujours superbe, et quelles couleurs. Prenez soin de vous et à bientôt!
Bonjour voisins , toujours aussi instructif et de toute beauté vos mails , merci et bonne continuation. Dominique Boccar
… vous mériteriez être fait « citoyens d’honneur » d’Argentine !
Merci pour ces couleurs, ces images et ces mots qui nous font voyager avec vous.
Bonne poursuite de vos aventures. Continuez à nous faire rêver!
Effectivement, on vous voit de dos ici : https://www.youtube.com/watch?v=CU0mdCilW4w
à 16’42 »
Bonne reprise de voyage
Superbes images. Merci de les partager.
Hello les amis,
Merci encore pour ce très beau carnet de voyage en Bolivie et au Chili…
Biz à partager
Colette et Alain
Merciii
Je vous lis avec retard depuis la Provence bien moins ensoleillée que les contrées où vous étiez ( et êtes depuis retournés) Des couleurs chatoyantes au blanc immaculé, de quoi être à jamais émerveillés ! Superbe reportage et merci du partage. Bises des anciens ex-voisins des Capucines
merciii