Brésil, au coeur du Pantanal sauvage

(du 12/7 au 29/07/23)

Notre entrée au Brésil par le poste frontière de Foz de Iguazu s’est passé comme une lettre à la poste. Le douanier, fort sympa et assez cultivé, s’exprimait par chance en anglais. 🤭  Heureusement car le portugais et moi, on ne s’entend pas fort bien. Pourtant, je trouve le portugais parlé au Brésil vraiment très joli. Mais, si je peux mettre en route certains engrenages de compréhension à la lecture, à l’audition, je mouline complètement : Que dice ? en français dans le texte, svp 🙏🏾
Nous avons donc pu faire la conversation avec lui le temps que nos papiers passent par l’ordinateur au siège central et nous reviennent, soit une bonne demie-heure en tout.

Comme nous ne savons jamais vraiment ce qu’il est permis de passer aux différents postes frontières (on peut lire tout et son contraire à ce sujet), nous sommes entrés au Brésil le frigo et le congélateur quasi vide. Une halte à Foz de Iguazu pour faire quelques courses s’imposait donc. Nous nous y sommes posés pour la nuit car, en cette période de l’année, le soir tombe aux alentours de 17h30 sous ces latitudes.

Arriver dans un nouveau pays en tant que voyageurs autonomes et itinérants que nous sommes est toujours une expérience en soi. Nous avons tout à apprendre : comment fonctionne la monnaie locale, où se procurer les cartes de téléphone internet sans avoir de numéro national, comment s’adapter au mode de conduite des Fangios locaux, où approvisionner en eau potable nos réservoirs d’eau, quel type d’alimentation trouve t’on dans les magasins, etc…  Non pas que ce soit bien compliqué en soi car on a vite compris mais disons que nos battements d’ailes sont temporairement ralentis.

 

Le mois de juillet est une bonne période pour aller voir le Pantanal, la zone humide la plus grande et la plus vierge du monde, parait-il. Elle n’est pas trop inondée en cette période de l’année, il est donc possible de s’y enfoncer en véhicule.

 

(Vue aérienne par drone d’une toute petite partie du Pantanal)

La variété des habitats et l’eau pérenne du Pantanal en font un site incroyable d’observation de la faune sauvage et de très nombreuses espèces d’oiseaux.
C’est donc là que nous décidons de prendre pleinement contact avec le Brésil.

Nous quittons progressivement la région du Paraná pour nous diriger vers le Matto Grosso do Sul, au nord-ouest du pays. Notre premier point de chute après deux jours et demi de route est la petite ville de Bonito qui offre pas mal d’activités diverses pour les amoureux d’eau et de nature. Nous y retrouvons nos amis belges, « fournisseurs » de semelles oubliées avant le départ qui arrivaient depuis le Paraguay.

Nous nous posons sur un grand terrain mis à disposition pour les campeurs à environ 1km du centre. César nous y accueille avec énormément de gentillesse et nous apporte, dans un mélange d’anglais et d’espagnol, toutes les informations nécessaires.
Nous choisissons d’aller voir le « Buraco das Araras », sorte d’immense cratère de grès rouge mesurant plus ou moins 500 m de circonférence et 100 m de profondeur où nichent notamment des aras rouges, bleus et verts.

 

 

 

 

Le lendemain, nous optons pour une sortie snorkling de 2h30 dans le courant d’une rivière aux eaux si cristallines que l’on s’est presque cru dans une piscine d’eau Valvert, avec plein de poissons en prime. Cette expérience en eau douce fut vraiment agréable. La limpidité et la clarté de la rivière étaient juste incroyables !
Au bout de la rivière, les premiers arrivés (nous étions 12) ont aperçu un anaconda vert sous l’eau. 😱  Heureusement qu’il n’a pas croisé ma route car je serais certainement devenue plus verte que lui !

A Bonito, nous faisons également nos premiers pas gustatifs dans la cuisine brésilienne qui utilise beaucoup, dans cette région du moins, le manioc grillé pour agrémenter ses plats. Un conseil : un plat pour deux suffit amplement, même pour un appétit de bons « gaulois » belges que nous sommes.😋

Notre belle rencontre avec César modifiera également nos plans initiaux. Alors que nous avions prévu de traverser la piste du Pantanal nord, depuis Cuiaba vers Puerto Jofre pour partir sur les traces du jaguar, il nous conseille un guide qui peut nous emmener hors des sentiers battus au Pantanal Sud, le long du Rio Negro.
C’est ainsi qu’arrivés à la ville d’Aquidauana, nous faisons la connaissance de Marcello, guide et pilote d’avion passionnant, d’origine polonaise. Le courant passe instantanément : nous signons pour 3 jours de découverte avec lui de la faune sauvage dans un lieu reculé, hors des sentiers battus.

En attendant le départ prévu le lendemain matin à 8h, nous bivouaquons au bord de l’eau dans un joli parc arboré à Aquidauana où quelques étranges visiteurs viennent se compter fleurette.

 

 

 

 

Un Pick Up met entre 4h à 6h pour atteindre le campement au bord du Rio Negro situé à 8 km de la superbe Fazenda Barranco Alto, selon l’étendue des zones inondées et l’état des pistes. Nous nous lançons le défi de le réaliser en camion. Marcello nous confirme que ce ne devrait pas poser de problèmes.
Nous voilà donc partis pour 140 km de piste à deux véhicules, Marcello et son fils dans le premier camion de nos amis belges, nous dans le nôtre, avec le moteur de son bateau dans le coffre ainsi qu’une partie de ses bagages.

 

 

Les premiers 80 km ne posent aucune difficulté : la piste est large et en assez bonne état. Pas de doute, on va y arriver.

En route, nous croisons quelques beaux spécimens. Certains n’ont rien à envier à nos gros bleu blanc belge. Ils ont de quoi se défendre…

 

Mais la plupart sont plutôt maigrichon(ne)s… Elles nous font un peu penser au type de vache que l’on trouve en Inde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un espèce de jeune échalas nous observe d’un drôle d’oeil, l’air de dire :

« Non, mais, tu m’as déjà bien regardé ! On ne me l’a fait pas à moi de me couper la route ! »

 

Puis soudain, un étrange animal, à la fois élégant et bizarrement proportionné, arpente un terrain non loin de nous… Il s’agit d’un fourmilier. Ils sont très difficiles à apercevoir, semble t’il… Nous aurons la chance d’en croiser à trois reprises.

 

 

Plus loin, la piste sera bloquée par un énorme troupeau de plus de 1.000 têtes. C’est la période de la transhumance. Un peu de patience fera l’affaire.

 

 

Peu a peu, la cadence commence à diminuer : il nous faut traverser des propriétés privées, territoires de fermes, sur les 60km restant, ce qui signifie une cinquantaine de barrières à ouvrir et refermer derrière nous afin que le bétail ne s’échappe pas. Marcello et son fils Gaël assure avec zèle.
Puis, les traces à suivre deviennent chaotiques, tantôt boueuses, tantôt inondées, parfois démultipliées… Laquelle choisir ?

Quelques forêts de palmiers à traverser se succèdent, étroites et denses.

 

 

Les heures tournent et par endroit, nous ne progressons guère à plus de 10 km/h.

Sur les 500 mètres restant, nous nous retrouvons bloqués par de grosses branches d’arbres. Nous essayons de contourner le petit sous-bois en prenant le long de la clôture mais le premier camion s’embourbe et il nous faut le secourir en le tractant par l’arrière. Il tente un deuxième essai qui reste tout aussi infructueux. On ressort les sangles pour l’extraire à nouveau des sillons de boues.

Rien à faire, le sol est trop meuble, il faut passer par le sous-bois. La tronçonneuse et Luc travaillent durement pour ouvrir la route tandis que nous déblayons le terrain de toutes les grosses branches coupées.
Les 500 derniers mètres sont parcourus ainsi en près de 2h. Le soleil a entamé sa descente à l’horizon. Pas moyen de le faire attendre.
Nous atteignons enfin le point de bivouac juste avant la tombée de la nuit. Notre douche est un véritable havre de bonheur sur la peau. Nous sustentons enfin nos estomacs affamés : demain est un autre jour, demain la rivière nous attend…

 

Au réveil, nous découvrons pleinement les lieux au bord du Rio Negro.

(Le refuge pour Marcello. Nous logeons dans nos camions plus confortables)

 

Marcello est entrain de mettre le bateau à l’eau et nous l’aidons à y accrocher le moteur.

 

La découverte du coeur battant du Pantanal peut commencer…

 

Tandis qu’une loutre géante, en voie de disparition, quitte son refuge pour partir à la pêche…

Un martin-pêcheur plonge pour attraper son petit-déjeuner.

Un capybara se fait nettoyer paisiblement sur la berge du fleuve

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Jabiru d’Amérique, appelé également Tuiuiús, est le symbole du Pantanal. Ce grand échassier fait partie de la famille de la cigogne.

 

 

 

 

Dans ce voyage au bout du monde, à la recherche de l’âme des marais, nous avons assisté à un véritable ballet de la vie sauvage. Nous n’avons pas croisé la route du jaguar. Peu importe. On ne donne pas rendez-vous à l’imprévisible.

 

Avant de quitter notre bivouac, Marcello a voulu nous faire goûter la soupe de piranhas. Il faut dire que la rivière en regorge !
Pour se faire, on s’est mis à la pêche. Cette dernière ne fut pas miraculeuse mais toutefois suffisante pour nourrir 5 personnes d’un délicieux potage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La veille de notre départ, au soir, nous avons été invités à la Fazenda Barrenco Alto pour la grande fête annuelle de juillet. Tous les fermiers du coin et les voisins de cette partie du Pantanal étaient invités. Une vache a été tuée pour l’occasion. Lorsque nous sommes arrivés, un énorme BBQ se préparait.
Ce fut un beau moment de partage dans la pure tradition des habitants du Pantanal, fait de jeux, de danses et de musique.
La Fazenda Barrenco Alto est un très bel endroit pour ceux qui souhaitent découvrir le Pantanal en logeant dans un cadre très agréable. Elle est gérée par une famille d’origine Suisse qui nous a réservé un accueil vraiment charmant.

 

Notre retour à la « civilisation » n’aura mis que 6h… C’est sûr, le travail de taille était déjà fait et nous avons réussi à éviter les grosses zones humides.

Un Tuiuiú nous observe du haut de son nid. A mon avis, il n’est pas prêt de revoir passer deux gros camions de « gaulois » avant un sacré bail !

 

Plus loin, un autre fourmilier nous croise tranquillement sur le bas côté de la piste. Nos deux balourds ne l’ont même pas impressionné.

 

A bientôt du côté de Campo Grande !

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13 Commentaires
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Vander Elst Annie
Vander Elst Annie
1 année il y a

Un périple inouï !
Rien ne vous arrête, nous sommes admiratifs !
Et quelles superbes photos d’oiseaux et autres bebetes bizarres !
Merci pour le partage !
Bisous Kraainemois
Emile et Annie

rul
rul
1 année il y a

formidable……nois revons

baci

Titi et DD

PATRICE ARLUISON
PATRICE ARLUISON
1 année il y a

Superbe galerie de photos.

Boccar
Boccar
1 année il y a

C est toujours avec le même plaisir que je lui vos délicieux mails

Claire
Claire
1 année il y a

Magnifique!

Moens Marcel
Moens Marcel
1 année il y a

Superbes images et merveilleuses rencontres! Merci!

Fabrício
Fabrício
1 année il y a

Lindas Fotos! Sejam muito bem vindos ao Brasil ! Um grande abraço a todo o povo da Bélgica

Dernière modification le 1 année il y a par Fabrício
Marc & Geneviève
1 année il y a

Toujours aussi intéressant et agréable à regarder. On espère que l’on pourra suivre vos traces, sans tronçonneuse Bonne route

ALCOL
ALCOL
1 année il y a

Hello les amis,

Photos magnifiques.
On se régale de cette faune si particulière…
Bises à partager
Colette et Alain

marie
marie
1 année il y a

Ravie de retrouver vos récits après une petite pause estivale dans mes lectures de vos posts. Images éblouissantes et récit toujours aussi passionnant. Une grosse bise à vous 2 de notre part!