De Popayan à Cali, l’endiablée, en passant par San Cipriano

(Du 8/11/24 au 20/11/2024)

 

(A l’heure où je rédige ce petit carnet de voyage, nous sommes déjà bien loin de Cali. J’ai pris bien du retard dans mes articles, savourant simplement chaque instant de ce voyage. Les articles suivront, certes, dès que j’aurai le coeur à l’ouvrage☺️ ).

 

Situé à 50 km de Popayan, lové au coeur d’une vallée verdoyante aux paysages montagneux impressionnants, se niche un petit village tranquille appelé Sylvia. Nous sommes au coeur de la région du Cauca et donc, au « pays » des Farcs, entourés de terres, fiefs des cartels de la drogue.

C’est à quelques km de là que nous décidons de nous arrêter quelques jours, dans la propriété d’Anouar et Kika Atmani.
Autrefois grands voyageurs au long cours, nos hôtes ont posé leurs bagages, voici 9 ans, dans un petit havre de paix et de verdure. Ils accueillent les voyageurs, partagent leurs expériences et leurs connaissances du pays et gèrent un réseau Whatsapp d’entraide pour les « bourlingueurs » comme nous.

 

 

Depuis, les enfants ont grandi, ils ont quitté le nid pour suivre un cursus universitaire aux USA et en Norvège.
Mais, la fibre du voyage reste bien présente…Et, l’envie de repartir les titille sacrément depuis que les enfants volent de leurs propres ailes.

Tout ici n’est que convivialité, chaleur humaine.
On pense y rester 2 jours, on y demeure finalement 5. Il y a comme une sorte de vortex d’énergie, un endroit sur terre qui contient plus d’énergie que dans n’importe quel endroit normal. La plupart des voyageurs y demeurent irrémédiablement plus longtemps que prévu.

Anouar nous prépare un merveilleux tajin et de délicieux petits pains chauds. De notre côté, nous concoctons des pizzas maison au feu de bois et partageons d’agréables moments entre voyageurs.
C’est ici que nous retrouvons aussi nos amis belges, Luc et Sabine, avec qui nous avons déjà pas mal bourlingué.

 

Le mardi, c’est jour de marché à Sylvia. Le village connaît une grande animation.

 

 

Les étales croulent sous les fruits et légumes en tout genre.

 

 

 

 

Mais, on y vient aussi pour y rencontrer la communauté indigène Misak, une ancienne population préhispanique, à la culture et aux traditions bien spécifiques.

L’habit traditionnel est un des éléments forts de leur culture. Il reprend les couleurs du drapeau Misak.
La couleur rouge représente le sang versé durant la colonisation espagnole et pendant les luttes du peuple pour la survie de leur territoire et leurs traditions.
La couleur bleue représente l’eau. Les Misak se considèrent comme les enfants de l’eau.
La couleur noire est le symbole de la terre mère, la « pachamama ».
Et la couleur blanche symbolise la tranquillité et l’harmonie de leur territoire.

 

Hommes et femmes portent presque la même tenue : une jupe noire et deux châles (noir et rouge/fushia) habillent les femmes, alors que les hommes portent une ruana noire et une jupe bleue.
Leur chapeau plat traditionnel, le Tampal Kuari, fait de paille, est une véritable oeuvre d’art !
Si vous les voyez porter des chapeaux melons noirs, il s’agit seulement d’une mode importée de Bolivie, survenue dans les années 60.

 

 

Le Tampal Kuari, (chapeau) de couleur rouge (sang), vert (nature)  et bleu (eau), représente le cycle de la vie, comme une spirale éternelle.
Le premier cercle de spirale représente l’enfant qui grandit jusqu’à faire partie entière de la communauté.
Le second cercle représente l’environnement, le territoire, les montagnes et les autres communautés proches.
Le troisième cercle représente le monde extérieur, les étrangers.
Sous chaque cercle, seraient cachés des symboles que seuls les Misaks peuvent voir et comprendre.
Tous ces différents cercles sont unis par la Pachamama, la terre sans laquelle il serait impossible de vivre.

 

 

 

Un CAFE au DECOR INTERIEUR SURPRENANT

 

EPICERIE du COIN

 

Pour ceux qui aiment faire leur propre pain, le moulin du village vend une farine complète de qualité, ce qui est franchement difficile à trouver dans les commerces en général.

Le lendemain, nous prenons un bus local pour aller découvrir le petit centre historique de la ville de Popayan, déguster un bon café et manger un succulent morceau de viande (baby beef). au restaurant « La Cosecha », juste en face des pompiers.

 

 

Un bus direct nous ramène près de Sylvia. Il suffit simplement de dire au chauffeur où l’on souhaite descendre et le tour est joué : on se retrouve juste en face de chez Kika et Anouar.
Le bus s’arrête à la demande des passagers. Il n’y a pas d’arrêts établis dans les campagnes.

Après cette pause bien agréable qui permet aussi de se mettre à jour au niveau de l’intendance générale, nous prenons la route pour Cali.

Cali l’endiablée qui vit, le soir tombé, au rythme de la salsa.

En recherchant un endroit pour nous poser 2-3 jours afin de visiter la ville, nous rencontrons les professeurs d’une école privée qui, intrigués par nos véhicules, entament la conversation avec nous. Ils nous invitent à venir « camper » dans le petit parc de leur école, l’Institut Liceo Quial, qui prône un modèle pédagogique intégré qui promeut, accompagne et valorise les talents et les capacités de chaque élève, en respectant en même temps les rythmes et les formes d’apprentissage de chaque jeune.
Les enfants sont ravis, c’est un véritable défilé dans le camion. Tout le monde a droit à la visite et certains à un petit cours de géographie avec comme support la carte de l’Amérique et un bout de l’Europe positionnée à l’arrière du camion.

 

L’équipe professorale est ultra sympathique. Nous les invitons à prendre un apéro en fin de journée. (Ils ne sont pas tous sur la photo).

 

 

 

Le lendemain, nous nous lançons à la découverte de Cali. Nous entamons notre journée par le parc animalier de la ville, un très joli parc niché dans une végétation luxuriante.

 

 

 

 

 

 

 

On assiste à un accouplement d’autruches.

 

Une fois son affaire terminée, le mâle s’en va en courant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous poursuivons en allant visiter le musée cinématographique qui présente une collection assez incroyable de caméras, colleuses, bobines et projecteurs.

 

 

 

Il y a même quelques vieilles chambres techniques qui rappellent de bons souvenirs à JP.

 

 

Au soir, nous avons rendez-vous avec quelques professeurs de l’école en ville, à la Topa Tolondra, pour aller danser la Salsa.

 

Enfin, « aller danser » est un bien grand mot… Disons plutôt regarder comment se danse la fameuse salsa.
Mais certaines profs de l’école ne l’entendent pas de la même oreille et nous entraînent sur la piste. Le ridicule n’a jamais tué personne, finalement. Et c’est parti pour quelques fous rires !

 

Au final, après le cours d’un professeur sur une estrade, nous demeurons en admiration devant le corps d’habitués qui se lancent sur la piste et pour qui la salsa ne semble plus avoir de secret…

 

Salsa1 (Vidéo 1)

Salsa2 (Vidéo 2)

Salsa3 (Vidéo 3)

Salsa4 (Vidéo 4)

 

 

Le lendemain, nous partons à la découverte du centre de la ville et en profitons pour faire quelques achats. Les rues commerçantes grouillent littéralement de monde.
Le coeur de Cali ne nous a pas vraiment séduit. En dehors de quelques bâtiments, on ne peut pas dire que ce soit une ville vraiment excitante, si ce n’est la nuit, lorsque son coeur bat au rythme de la salsa.

 

 

 

Dans de nombreux endroits en Colombie, le Street Art tient souvent une grande place. Il faut dire que les colombiens sont extrêmement forts en la matière.
Je pensais que la ville de Berlin était imbattable sur le sujet mais j’avoue avoir été subjuguée par de nombreuses oeuvres de Street Art colombiennes. Après, on est adepte ou on ne l’est pas… Moi, j’adore ! Ça donne une énergie incroyable à des lieux qui, sans cela, serait probablement bien tristes et, en même temps, ça conte l’histoire d’un pays.
Et, de ce côté, la Colombie n’est pas en reste : elle a des décennies d’histoires tragiques à raconter…

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’attente de l’arrivée de l’huile moteur que nous devons changer, nous avons aussi pris le temps d’aller visiter le Museo Aero Fenix, qui présente une collection d’avions et de voitures, ainsi qu’une maquette gigantesque reproduisant différentes parties de villes et villages américains. En voici un tout petit extrait.

 

En quittant Cali, nous prenons la tangente Nord Est pour aller voir le village de San Cipriano, un tout petit village bien dans son jus comme on dit, où s’écoule une rivière cristalline avec de belles zones de baignades et auquel on accède depuis Córdoba grâce à une petite sorcière…

En chemin, nous passons la nuit dans une petite finca en altitude où nous retrouvons un couple d’allemands, rencontré à Quito et revu à Cali durant la soirée salsa.
On peut y observer de nombreux oiseaux dont, à nouveau, une variété incroyable de colibris.

 

 

 

San Cipriano :

Située entre Buenaventura et Buga, San Cipriano se trouve à l’intérieur des terres. Ne disposant d’aucun accès par la route, la population locale a eu l’idée de relier ce village au village voisin, Córdoba, par une brujita (petite sorcière), sorte de plate-forme de bois, entraînée par une motocyclette dont la roue arrière est posée sur un rail de chemin de fer.
C’est ainsi que nous sommes partis pour un voyage pittoresque le long du versant pacifique de la montagne…

 

 

Ici, la population locale est majoritairement de type africaine. On se sent soudainement « téléporté » sur le continent voisin.

 

Et c’est parti pour une bonne demi-heure à dos de sorcière !

 

Ah zut, tout le monde descend… un pt’it problème technique : un des wagonnets est à l’envers, il faut le retourner.

 

 

L’affaire de 5 minutes et c’est réglé. Le « balais de la sorcière » s’envole à nouveau à un vitesse incroyable. On n’a pas intérêt à dérailler, c’est sûr …on ne s’en sortirait pas intactes.

 

La nature est incroyablement verte et luxuriante. Ici, on ne semble pas connaître la sécheresse.

 

 

Il fait terriblement chaud et humide (80% d’humidité dans l’air). Le vent issu de la vitesse nous fait un bien fou.
Nous sommes dans un région extrêmement pauvre de la Colombie. Malgré cela, les gens ont le sourire, leurs visages sont lumineux.

 

Une première baignade près d’une cascade : vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela fait un bien fou.
Mais, vaut mieux pas trop regarder de près tout ce qui s’y balade…

Une autre suivra plus loin, de quoi faire descendre la température du corps.

Parfois le sourire fait place à la concentration pour la conduite de son engin de transport.

 

 

Après une longue marche à la recherche de la faune locale, un bain rafraîchissant dans les zones « piscines » de la rivière et un petit resto dans une petit gargote locale très bien tenue avec une cuisine moderne contre tout apparence, nous ré-enfourchons le balai de la sorcière pour retrouver notre propre monture et poursuivre notre périple colombien.

A bientôt dans la vallée du café !

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