Du Canyon de Colca vers la Vallée Sacrée

(du 14/04 au 18/04/24)

Sur la longue route qui mène à la Vallée Sacrée se trouve la porte d’entrée vers le Canyon de Colca qui vaut véritablement le détour. Pour l’atteindre, nous passons un col à près de 5.000 m mais cela n’a plus d’importance maintenant que nous nous sommes bien acclimatés à la haute altitude même si on n’est jamais à l’abri de maux de tête subits.
Il s’agit du deuxième canyon le plus profond du monde après celui des Gorges du Yarlung Tsangpo (Himalaya, Chine).
On suppose que sa profondeur maximum (3.270 m) a été déterminée à partir du sommet de la montagne la plus haute des lieux car, à première vue, nous ne l’avons pas trouvé si profond en comparaison avec le vertigineux Grand Canyon (1.850m). Pourtant, il est près de deux fois plus profond mais pas partout.
Le Canyon de Colca est né d’une énorme rupture de la croûte terrestre près de trois énormes volcans dont Coropuna (6.425m) et  Vampato (6.310 m).

 

 

Ici, tout est vert malgré la haute altitude, d’un vert velouté. Chez nous, en Europe, tout serait déjà minéral depuis bien longtemps. Les anciennes cultures en terrasses, construites par les civilisations pré-colombiennes afin de faciliter les cultures sur les versants en pente, sont encore utilisées par les habitants actuels.

 

 

Nous passons notre première nuit, bien paisible, sur la place du village de Yanque dont la petite église est en rénovation. Au loin, on aperçoit le volcan Sabancaya qui lâche quelques fumerolles noirâtres. On apprend que c’est quasi constant.

 

 

Au petit matin, la place s’anime soudainement : c’est le ballet des petits bus touristiques qui arrivent en nombre depuis Arequipa. Les enfants des villageois leur ont préparé une petite fête d’accueil en dansant sur de la musique locale.
Les habitants en profite pour essayer de vendre, par la même occasion, un peu d’artisanat. Certes, il s’agit là bien sûr d’un côté folklorique pour touristes mais cela met, malgré tout, une belle ambiance sur cette jolie place.

 

 

 

 

 

 

Un peu plus loin que Yanque, nous prenons un petit pont pour traverser la rivière. L’ancien pont est toujours en place mais je doute fort qu’il soit adapté à notre gabarit…

 

 

 

Une petite grimpette vers les ruines d’Uyo-Uyo, ancien village abandonné, nous donne un maigre aperçu de ce qu’était, jadis, la capitale de Colca.
Construite à l’époque pré-inca durant la période Collagua, les bâtiments servaient tantôt d’habitations, tantôt de lieu de réserve d’aliments. Il n’en reste malheureusement pas grand chose et la rénovation semble bien bâclée.

 

 

Maison reconstituée comme à l’époque

 

 

 

Tous les joints, d’origine en terre, ont été restaurés malheureusement avec du béton, ce qui dénature tristement les lieux… Nous n’allons pas plus loin et profitons de la vue sur le rio Colca, la nature et les montagnes avoisinantes.

 

 

 

 

En se documentant un peu sur le peuple des Collaguas, on apprend qu’il pratiquait la déformation crânienne allongée.
Nous découvrirons plus tard, en traversant la Vallée Sacrée, qu’ils étaient bien loin d’être les seuls… 😱

 

 

 

 

Dans certaines villages, tout est prévu pour attirer le touriste :  de jeunes lamas ou alpacas sont malheureusement tristement déguisés pour se faire prendre en photo à leur côté. Nous en avons pris une photo de loin pour exemple.
Seul le Pérou nous a montré cette triste face touristique que nous trouvons plutôt déplorable.
Par moment, on est presque harcelé  « à la marocaine » pour nous vendre des objets ou nous attirer vers un restaurant.

Les alpacas, nous les préférons bien mieux libres et poussiéreux, en pleine nature.

 

 

 

 

 

Le deuxième matin, nous rejoignons le mirador de la Croix du Condor (3.270m), un terrible point de vue pour observer le volcan Mismi (source du fleuve Amazone), le canyon et surtout la sortie matinale de ces oiseaux incroyablement majestueux en vol que sont les condors.
Nous en avions déjà observés au sud du Chili mais ce point de vue nous garantit de les voir de vraiment très près. C’est sûr, nous sommes déjà à plus de 3.000 m !
Nous nous y installons de bonne heure et prenons notre petit déjeuner sur le parking du bas, puis partons profiter de la vue sur l’une des terrasses en bordure du canyon.

Et là, nous ne sommes vraiment pas déçus : après une attente d’une bonne demi-heure, voilà qu’apparaissent soudainement ces terribles géants du ciel, les plus grands oiseaux capables de voler.

Mais nooon, bien sûr, ce n’est pas lui,

 

Ni celui-ci, qui nous fait son numéro de rossignol à la péruvienne…

 

 

Le voici ! Juste sous nos yeux, à notre hauteur ! Respect !

 

 

C’est alors que commence une magnifique chorégraphie, une valse étonnante d’une trentaine de spécimens que nous ne pouvons quitter des yeux.
Happées, captivées, ensorcelées, nos pupilles tournoient dans tous les sens, prisonnières de ces envolées grandioses.

 

 

 

 

Les spécimens les plus imposants des Andes peuvent atteindre une envergure de 3,2 mètres et les mâles peuvent peser jusqu’à 15 kg. A l’âge adulte, leur unique prédateur est l’Homme…

Ce fut un réel moment magique.

IMG_6755 (vidéo 1)

IMG_6769 (vidéo 2)

IMG_6801 (vidéo 3)

 

Ce qui nous frappe souvent au Pérou aussi, c’est la charge que les femmes sont amenée à porter sur leur dos. Je dis bien les femmes… On dirait que les hommes n’ont pas de muscles ici.  Ou, seraient-ils machistes à ce point ?

 

 

 

A l’entrée de cette région protégée, nous avions payé un droit d’accès pour trois jours. Nous ne comptons pas faire de grands treks ici en haute altitude. Les dénivelés sont très importants. C’est pourquoi nous quittons cette magnifique vallée après 3 jours pour poursuivre notre chemin en direction de la fameuse Vallée Sacrée.

 

 

La route est encore longue.
Nous décidons de bivouaquer sur la place du village de Sibayo, un des rares jolis village de la région. En général, les places de village sont toujours tranquilles la nuit.
Les habitants, qui nous accueillent chaleureusement, sont principalement des indigènes d’origine Quechua. Ils sont impressionnés par notre présence et ne doivent pas voir souvent d’Européens passer par ici, même si nous avons vu quelques français signer le livre de la petite église.

 

Le gardien des lieux m’a léché avec douceur.

 

 

Amusant, celui-ci : sa maman aurait-elle croisé la route d’un zèbre ?


 

 

Nous progressons doucement en direction du coeur de la Vallée Sacrée, la ville de Cusco bien que nous soyons encore  à 119 Km de Cusco.

En chemin, l’ancien site Inca de Raqchi, située au pied du volcan Kinsach’ata, entouré d’une muraille en pierre de lave, cache les vestiges du temple de Wiracocha, nom du dieu créateur du monde selon de nombreuses cultures anciennes de la côte et des montagnes du Pérou.
Ce temple s’érige à plus de 14 m de hauteur. Il s’agit de la plus haute structure inca découverte à ce jour.
Des restes de céramiques appartenant à des civilisations pré-incas (Pucará, Wari…) ont été également découverts sur les lieux.

 

 

 

 

 

 

 

On y trouve également des sources d’eau qui jaillissent des murs et des endroits interprétés comme étant des bains incas,

 

 

 

ainsi que des successions d’entrepôts de forme circulaire (environ 200), appelés colcas, dans lesquels étaient entreposés des produits alimentaires tels que le maïs, le quinoa, les pommes de terre….

 

 

 

 

Six rangées et sept patios constituent l’ensemble des logements où vivaient les femmes, la noblesse et les religieux.

 

 

 

 

Avant de rejoindre le coeur de la Vallée Sacrée, nous envisageons de prendre une journée pleinement nature afin d’aller voir la vallée aux 7 couleurs, la fameuse montagne Vinicunca, appelée aussi Rainbow Valley.
Mais le départ du trek de 4km, débutant à 3.900m pour atteindre les 5.200m, nous fait quelque peu réfléchir, surtout que nous savons qu’il existe aussi la possibilité d’aller crapahuter, depuis peu, sur la montagne Palcoyo.
Encore très peu fréquentée, elle ne subit pas la sur-fréquentation de dingue que connaît apparemment celle de Vinicunca.
Notre choix est fait : nous débuterons par Palcoyo et si le résultat n’est pas franchement concluant, nous poursuivrons sur Vinicunca.
Pour se rendre à Palcoyo, il nous faut tout d’abord atteindre le village de Combapata.
Nous y arrivons vers 11h du matin. Là, c’est l’effervescence générale, la fête au village, la fête de la Vierge de Rosario.
Intrigués par les habits colorés de quelques locaux, nous parquons Epicureman et nous dirigeons vers la place principale où tout semble se passer…

 

 

 

 

 

 

 

 

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Captivés par ce folklore local, nous en oublions le temps. Il nous faut vite trouver un taxi pour nous monter jusqu’à l’entrée de Palcoyo. La piste pour y arriver est bien trop étroite et trop longue. Demain, le temps serait plus à la pluie sur les sommets…
En outre, on n’a pas vraiment envie d’ajouter de nouvelles cicatrices à notre « fidèle destrier ».
Alors, pendant que JP prépare les sacs à dos, je fais rapidement la bonne pioche : un taxi 1h30 aller, 2h30 sur place pour grimper tout là-haut et revenir, 1h30 pour redescendre en taxi. Le tarif est négocié.
Mais, ce temps-là, c’était sans compter sur notre « Fangio » local… Au bout du compte, on a mis en réalité à peine 1h à l’aller et 1h au retour ! Et tout là-haut, nous avons eu bien le temps d’en profiter.
Quant à l’état de ses amortisseurs, notre dos s’en est souvenu longtemps.

Incontestablement, les lieux sont stupéfiants !!!
Ça nous coupe le souffle au propre comme au figuré car grimper tout là-haut, proche de 5.000 m, demande un effort particulier à la gentille petite pompe qui daigne alimenter notre coeur. On y découvre un superbe panorama sur l’Ausangate, l’un des plus hauts sommets du Pérou, dans un cadre naturel unique ainsi que la rougeoyante Vallée Rouge.

 

En chemin, on s’enfonce profondément dans une vallée. Le taxi traverse plusieurs villages très isolés où l’élevage d’alpacas et la culture de pommes de terre semblent être les principales activités.

 

Lorsque nous arrivons, le ciel est couvert, mais le spectacle est déjà magnifique. Les contrastes de couleurs sont saisissants.

 

Nous empruntons le sentier vallonné qui nous amène toujours plus haut tandis que le soleil tente une faible percée au travers des nuages.

Sur notre droite, la Vallée Rouge, à gauche les pics acérés.

 

Nous sommes totalement seuls à progresser vers le sommet, pas un marcheur à l’horizon.

 

Dans notre dos, une montagne s’éclaire de teintes pastels.

 

 

Et devant nous, le soleil pointe le bout de son nez pour illuminer des lieux que nous n’aurions jamais imaginés…

 

 

 

 

Un adorable jeune chien nous accueille sur le sommet. Son poil est à la fois duveteux et épais, prêt à lutter contre le froid de ces altitudes. Il est à croquer. Il nous suit. Nous sommes conquis, déjà prêts à l’adopter… Mais dès que nous quittons les lieux, il retourne sur son sommet, probablement son poste de garde du troupeau d’alpaca qui se trouve tout en bas.

 

 

Un dernier moment de contemplation avant de quitter ces lieux où nous ne reviendrons vraisemblablement jamais.
Seuls, dans cette immensité spectaculaire, nous avons décroché les étoiles…

 

 

A bientôt pour la Vallée Sacrée, Cusco et les différents sites incas.

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Cath et Richard
Cath et Richard
6 mois il y a

Su per be.
et merci pour ces reportages bien fichus et richement documentés.
Ps ic le Shintoïsme se porte bien

Sofia
Sofia
6 mois il y a

Hermoso viaje

Van der Elst Paul
Van der Elst Paul
6 mois il y a

Que de belles photos, superbes, bravo aux photographes et merci pour le reportage toujours passionnant de vos exploits. Les vêtements très colorés et les masques impressionnants sont le reflet d’une culture et civilisation très ancienne

marcel moens
marcel moens
6 mois il y a

Que de merveilleuses couleurs, dans la nature et dans les villages! Dommage pour le tourisme lorsqu’il est disproportionné, mais c’est quand même superbe! Merci pour le partage!

Alain Godefroid
Alain Godefroid
6 mois il y a

Respect!
Pour avoir pas mal voyagé (mais jamais aussi loin que vous), je sais combien de temps cela prend de tenir un journal. Le texte est passionnant et les photos subtiles. Un grand merci de partager ainsi votre voyage.
¡Qué lo disfrutéis con salud!

Nat
Nat
6 mois il y a

Salut mes globes trotteurs préférés. Merci pour ce que tu partage, c’est top. Finalement la panne n’a pas que du mauvais, il te donne le temps d’écrire tes mémoires

Dernière modification le 6 mois il y a par Nat
Patricia EECKHOUDT
Patricia EECKHOUDT
6 mois il y a

Chouette tout est super coloré. J’ai adoré vos commentaires.
Tout est beau : les paysages , les oiseaux , la flore et faune, les personnes locales.
Enfin bref profitez bien à deux de ces moments merveilleux et précieux.
Je vous aime énormément
Patricia

Marc et Geneviève
6 mois il y a

Très jolies photos et très jolis textes ! On a hâte de découvrir tous ces lieux magnifiques ! Bises de nous 2.

rul
rul
5 mois il y a

ah ces couleurs, ces paysages…..
j’en rêve la nuit !

bisous

Anne
Anne
5 mois il y a

Bonjour Caroline,
Rentrée hier soir tard de Paris, où j’ai passé deux jours pour voir des expos, je découvre à l’instant ton dernier reportage. Cette Vallée Rouge est super impressionnante, du jamais vu, et se retrouver seuls dans cet environnement devait être absolument magique.
Je continue à vous suivre assidument, et chaque fois avec bonheur :-)!
Gran abrazo

ALCOL
ALCOL
5 mois il y a

Hello les amis,
C’est vraiment chouette de rester jeune…
Chapeau et bravo pour cette escapade vers des sommets insoupçonnés.
Merci pour ce nouveau carnet de voyage au Pérou et merci encore de nous faire partager
peuples, faune et paysages magiques…
Biz à partager
Colette et Alain