En route pour la ville du « printemps éternel »

(Du 5/12 au 17/12/24)

 

 

En quittant Filandia, nous décidons d’aller prendre un peu de fraicheur et de bien-être aux termes de San Vincente.
Perdus dans le fin fond d’une vallée, en bordure de cascades, ils nous inspirent d’avantage que ceux de Santa Rosa, plus fréquentés, même si la piste pour y arriver n’est pas de tout repos.

 

 

 

Cet endroit magique, niché à 2.300m d’altitude, apporte un divin bien-être venant des profondeurs de la terre en proposant des bassins d’eaux thermales chaudes. Un vrai régal pour se détendre dans un cadre luxuriant.
Et si, à cela, vous ajoutez un merveilleux massage d’une heure, la nuit n’en sera que plus délicieuse.

 

Après cette merveilleuse détente et deux nuits au grand calme sur le parking de ce bout de vallée, en route pour Salamina !

En Colombie, de nombreux moments se fêtent. Et, le week-end du 7-8 décembre, a lieu la 13ème « Noche del Fuego » (nuit du feu) à Salamina, une tradition qui illumine les rues de joie et d’espoir. L’endroit devient une véritable ville lumière sous la baguette magique des habitants qui allument lanternes artistiques et bougies dans de nombreuses ruelles.
Cette fête est née en 2001 en hommage à la Vierge de l’Immaculée Conception, patronne de la commune.

Nous nous rendons à la fête accompagnés de nos amis, Luc et Sabine, mais également avec les Nolina (Sandrine, Laurent et leurs trois enfants), une famille française qui croise justement là notre chemin.

Ils sont tout comme nous, trop haut pour pouvoir entrer sur le terrain de camping escompté.

La vue depuis notre position est sublime.

 

Nous nous retrouvons donc à trois camions à l’entrée du camping et commandons une jeep afin de monter tous ensemble à 9 personnes dans la jeep jusqu’à Salamina. C’était franchement folklo !

Salamina :

 

 

Un peu partout, la fête se prépare. Les ruelles commencent à se parer de lampions qui seront illuminés dès la fin du jour.

 

 

Nous faisons un petit tour au petit marché local. Nous sommes toujours dans la région du café et quelques hangars bien chargés attendent acquéreurs.

Video Salamina 1  (Vidéo 1)

Video Salamina 2 (Vidéo 2)

 

Le lendemain, tandis que nos amis, les Nolina, poursuivent leur périple doucement vers le sud du continent, nous partons déguster un délicieux repas dans une charmante maison privée de la ville avant de poursuivre notre périple.

 

Aguadas :

Aguadas fait partie des villes patrimoniales de Colombie.
Elle est notamment renommée pour ses chapeaux Aguadeños (venant de l’iraca) mais aussi pour le Festival national du Pasillo, un concours qui rend hommage à un rythme mêlant la valse européenne aux airs populaires de la région.
Ainsi, tiple, guitare et bandola résonnent intensément chaque année à la mi-août. Ce ne sera pas pour nous.

Nous y rencontrons pour la deuxième fois Léonardo et Camilla de Bogota qui font un périple à moto durant une semaine.

 

Après un repas partagé ensemble, ils nous emmènent visiter une fabrique d’Aguadeños renommés, chez Pedro Jorge Valencia López. Pour y arriver, il nous faut grimper une sacrée côte.

JP se laisse tenter et complète sa collection de chapeau. Nous embarquons aussi un chapeau pour Camilla dans notre camion car elle ne peut pas en prendre deux sur sa moto. Nous convenons de le lui amener lors de notre passage à Bogota.

Notre bivouac sera sur le Cerro Monserrat, surplombant la ville d’Aguadas où les habitants viennent admirer le coucher du soleil qui, ce soir-là, sera malheureusement voilé.

Damnet, un indigène est venu se poser sur notre toit… le temps de tirer sa flèche. Heureusement, une fois que nous avons fait demi-tour au petit matin, il s’était éclipsé.

 

 

 

Nous nous réveillons de bonne heure le lendemain matin pour traverser les ruelles étroites de la ville avant qu’elles ne soient encombrées par la circulation. Nous savons qu’un passage sera périlleux. Vaut mieux ne croiser personne !!!
Un joli lever du soleil entame sa progression.

 

Jericó :

Arrivés sur les hauteurs du pays du café, au sud-ouest d’Antioquia, nous voilà partis à la découverte d’une charmante petite ville,  très authentique, un véritable bastion de la culture montagnarde dont l’architecture date de l’époque républicaine.
Notre bivouac surplombe à nouveau la ville, juste à côté du Christ Rédempteur qui semble veiller sur Jerico et d’un ancien téléphérique qui n’est plus du tout en activité.
Nuit au calme, jolie vue,  à 10 minutes à pieds du village en traversant un charmant petit parc, que demander de plus ?

 

 

Très connu pour ses carrieles antioquiens, sacs à bandoulières en cuir extensibles, pourvu de 7 poches intérieures avec 3 poches secrètes, le village de Jerico est très fidèle aux traditions régionales.
Disponibles aujourd’hui dans des versions beaucoup plus « chebran », ces sacs avaient à l’origine un but purement fonctionnel. Ils étaient utilisés par les muletiers transportant des marchandises dans toute la région. Ils y rangeaient ainsi outils, effets personnels et produit de leurs ventes qu’il fallait bien évidemment planquer au cas où ils croiseraient des voleurs de grands chemins…

 

 

De nombreuses familles se sont consacrées au bel art du travail du cuir. En reconnaissance de leur art, les noms de famille de certaines hommes sont affichés sur les façades des maisons.

 

 

Riche en traditions anciennes, ce petit village est un réel coup de coeur. A nouveau, le temps semble s’être arrêté.
Les habitants boivent paisiblement leur petit café en terrasse ou se promènent nonchalamment sur la place principale du village, tout en se faisant la conversation. Aucune effervescence, aucun stress apparent. Ça ne doit visiblement pas faire partie de leur vocabulaire.

 

 

 

 

 

 

 

Sur le petit parking de notre bivouac surplombant la ville, les fabricants de deux nouveaux Tuk-Tuk sont entrain de prendre des photos promotionnelles de leurs nouveaux joujoux.
Ils viennent vers nous et nous entamons une charmante conversation.

Et si on voyageait finalement plus légers ? Un petit coup d’essai bien amusant nous ramène bien vite à la réalité ! Ce puceron ne fera pas l’affaire, c’est clair !

Ce petit message affiché devant le Juana résume assez bien leur philosophie : « La vie est une aventure. Ainsi, respirez, aimez et profitez des choses simples, un sourire, un regard, le silence, un café. ».

Avant d’atteindre Medellin, appelée la « ville de l’éternel printemps », nous passons voir encore un village du nom de « Jardin », situé à 130 km.

Jardin :

Toujours dans l’Antioquia, Jardin n’est guère très différent des autres villages faisant partie du patrimoine colombien.

 

 

Certains diront qu’il a son charme propre, c’est à voir… Ce qui nous a surtout séduit est la petite Réserve Naturelle de la Rocaille dans laquelle il est possible d’observer, dans son habitat naturel, le fameux Gallito de Roca, l’oiseau Coq de roche.

Salut les copains ! Eh, t’en fais une drôle tête, toi !
Ben oui, c’est pas tous les jours qu’on voit un gros pif rouge comme le tien !

 

 

Quelqu’un nous explique qu’il s’agit d’un lieu de rencontre où les mâles se réunissent quotidiennement pour concourir pour la femelle. Ces dernières profitent du spectacle, de leur danse, de leur combat et de leur chant avant de sélectionner le mâle alpha avec lequel elles s’accoupleront.

Un petit intrus s’immisce dans le parcours. Bien qu’il ait une belle longue queue, nous doutons qu’il fasse le poids !

 

Certains lisent les pensées dévoilées par les marches d’un escalier, d’autres méditent longuement sur leur main…

 

Santa Fe de Antioquia :

 

Petite ville fondée en 1541 par le conquistador Jorge Robledo à la recherche d’or, elle est connue comme « la ville mère » : ce fut la première ville à être fondée et à devenir capitale du département.
Aujourd’hui déclarée monument national grâce à son histoire et son architecture coloniale bien préservées, son centre historique affiche un charme paisible indéniable.

 

Ce fut un réel plaisir de s’y balader !

Medellin :

Ce n’est pas sans difficulté que nous montons sur les hauteurs de la ville « au printemps éternel » pour aller poser notre monture en sécurité quelques jours à Al Bosque Hostel et glambing situé près de Santa Hélena, le temps d’aller visiter Medellin.
Au départ, tout allait bien jusqu’à ce que notre GPS (pas toujours fiable ces pt’its outils) nous fasse prendre une petite route sinueuse, hyper raide et très étroite, traversant plusieurs villages dans lesquels se croiser est un vrai cauchemar surtout lorsqu’un bus arrive soudainement en sens inverse et que des voitures sont parquées à la six quatre deux sur le bas côté des étales de marchands.
Inutile de vous dire que nous nous sommes clairement fait quelques petites frayeurs !

Le lendemain, nous prenons un Uber pour partir à la découverte du centre de Medellin, un centre qui ne nous a pas vraiment laissé un coup de coeur (énormément de laissés pour compte et de drogués zombies errent dans certaines rues), si ce n’est la fameuse place Botero avec ses sculptures gigantesques et l’ancien Palacio National.

Par contre, son histoire ne peut laisser personne indifférent !

 

Nous allons visiter l’ancien Palacio Nacional, un magnifique édifice qui abrite des galeries commerciales sur les deux premiers étages et une série de galeries d’art et de salles d’exposition sur les trois derniers niveaux.

 

 

Commencé en 1924 par Agustin Goovaerts, architecte et ingénieur belge (hé oui, nos talents belges ont laissé de belles oeuvres à l’étranger), il a été achevé en 1933.
A l’origine, on y logeait 88 bureaux publics.
Depuis 1988, il a été déclaré patrimoine historique et artistique de la nation.

 

 

Ci-dessous, quelques exemples d’oeuvres d’art qui y sont exposées. Il y en a vraiment pour tous les goûts.

 

Nous y rencontrons, Christine Meert, l’amie d’enfance d’un de nos grands amis belges qui s’est expatriée il y a bien longtemps en Colombie et qui y a finalement fait son nid. Avec l’aide de quelques personnes, elle a développé une merveilleuse association, « Somos proyectarte »,  sorte d’oasis de transformation personnelle et collective et de méditation humaine, active à travers l’art. Elle permet à une population de jeunes, touchés par des situations de violence, d’exclusion ou de violation des droits fondamentaux, d’exprimer des situations post-traumatiques et de les aider à réaliser des projets de vie basés sur des critères éthiques.
Inutile de souligner qu’un tel endroit est une véritable bouffée d’oxygène pour énormément de jeunes colombiens.

 

 

La place Botero :

 

 

Il doit bien y avoir une trentaine de sculptures géantes de l’artiste. Nous retrouverons une grande partie de son oeuvre, plus tard, au musée Botero de Bogota .

 

 

Le lendemain, nous prenons rendez-vous avec un guide pour aller visiter tout un quartier de Medellin, La Comuna 13, qui a connu un passé violent et tragique.

 

La Comuna 13 : 

Notre jeune guide, issu d’un milieu plutôt favorisé, nous parle de l’histoire de ce quartier avec beaucoup d’émotions.
Avec le temps, il s’est pris d’affection pour certaines personnes de cette communauté qui ont traversé énormément de souffrance.
Dans les années 1980 et 1990, ce quartier était l’un des plus dangereux de la ville. C’était le terrain d’affrontements violents entre les différentes cartels de la drogue, les paramilitaires, les guérillas et les forces de l’ordre.
Sa position stratégique sur les hauteurs de la ville avait amené sur les lieux des activités illégales qui ont entraîné énormément de violence et de pauvreté.
Le gouvernement colombien a lancé une série d’opérations militaires visant à reprendre le contrôle de la zone. Une de ces 17 opérations, connue sous le nom d’opération Orion, fut une véritable horreur : assasinat de nombreux innocents par des paramilitaires en vue de toucher une prime, tortures multiples, disparitions, exécutions extrajudiciaires, arrestations illicites…
De nombreux cadavres abandonnés sur le site de la Escombrera, une décharge à ciel ouvert, ont été clandestinement enterrés.

Comme beaucoup d’histoires, ce qui nous est conté ici et ailleurs est incomplet, imparfait, subjectif….Mais c’est un récit à plusieurs voix, celle des victimes qui ont souffert, celles des témoins passifs mais pas insensibles, celles des bourreaux qui ont détruit, celles des politiques qui ont conduit les événements…

Comment imaginer ces lieux que nous traversons au temps de leurs histoires tragiques ?
Comment ressentir le régime de terreur qui fut imposé aux habitants il y a à peine une vingtaine d’années…
Partout ici, la vie a repris vigueur, couleurs, chaleur.
Seules les énormes fresques murales qui illuminent ces lieux d’une grande pauvreté expriment avec force un passé intolérable.
Medellin, deuxième plus grande ville de Colombie, est un exemple frappant de résilience, de courage et de transformation. Elle est devenue une ville réellement dynamique et innovante (métro aérien, téléphérique, escalators, etc…).

Ci-dessous, ce sont les maisons de gens qui habitaient autrefois la campagne de laquelle ils ont été chassés. Cet endroit est leur unique refuge.

 

Pour atteindre les hauteurs de ce quartier hors du commun, nous prenons un téléphérique.

 

 

Notre guide

 

 

 

 

Medellin a une histoire complexe. De nombreuses tensions et processus ont façonné cette ville : ses origines autochtones, la société coloniale, les migrations multiples, l’industrialisation, les décisions politiques… des situations malheureusement utilisées par des groupes armés pour alimenter les conflits et la violence urbaine.
Toutefois, malgré un passé terriblement douloureux, on sent que cette ville, riche d’une grande diversité culturelle, est en mouvement !

A bientôt du côté de l’autre vallée, celle la vallée de Bogota.

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Marcel Moens
Marcel Moens
3 jours il y a

Comme tout au long de votre voyage, il doit être difficile de ne pas acheter toutes les merveilles rencontrées! J’aime beaucoup Botero, un style unique. Quand à Medellin, tant mieux si elle parvient à récupérer des horreurs passées. Je vous suis avec bonheur!

Rul
Rul
3 jours il y a

super intéressant et très belles pfotods.

kiss

Anne
Anne
3 jours il y a

Chère Caroline, comme chaque fois : aussitôt reçu, aussitôt lu ! J’adore, d’autant plus que tes bons articles et super photos continuent à me faire « voyager » avec délice dans cette région du monde, qui me tient tellement à coeur. Merci pour cette régularité d’envoi, et toutes ces heures d’écriture que cela doit te demander. Et aussi, « chapeau » à l’excellent chauffeur !
Besos

Fettweis, Claire
Fettweis, Claire
3 jours il y a

Les photos sont très belles, Medellin devait être une visite passionnante !
J’aime Botero mais un peu difficile de placer une oeuvre chez soi.
Bis et à bientôt.

Paul Van der Elst
Paul Van der Elst
1 jour il y a

Plusieurs villages avec des ruelles pavées et des escaliers escarpés m’ont fait penser à certains villages de Cuba
Aussi beaucoup de couleurs, les maisons bariolées, l’architecture coloniale et ses balcons en bois.
Ce ne sera aisé de se retrouver dans notre grisaille après ces années de soleil
A bientôt