Nazca… « dessine-moi un mouton »

(du 1/05 au 10/05/24)

 

La traversée de Cusco vers la côte pacifique pour atteindre Nazca n’est pas une mince affaire, surtout en camion.
Je ne me souviens pas du nombre de courbes que nous avons empruntées pour passer toutes les montagnes et descendre de
4.000 m afin d’atteindre le niveau de la mer mais les bras de JP s’en sont souvenus, c’est sûr.

Cette voie est utilisée par de gros poids lourds qui transportent de la marchandise ou du carburant.
Quand ces mastodontes amorcent un tournant, ils ne se préoccupent absolument pas de savoir si un autre véhicule arrive en sens inverse : ils prennent leurs aises !
On évite un accrochage de peu… C’est là que le klaxon devient notre meilleur ami.

En route, nous décidons de prendre encore plus de hauteur et de passer par le chemin des écoliers  : une piste traverse Pampachiri  pour redescendre sur Puquio et rattraper la 20A.
Elle est en très bon état. Nous grimpons au-delà de 4.000 m au sommet de montagnes derrière lesquelles nous n’aurions jamais imaginé trouver un tel haut-plateau. Il s’étend à perte de vue, sur des dizaines de km à la ronde.

 

 

En fin de journée, nous passons du grand soleil à la neige, une neige fondante totalement inattendue.
A l’entrée d’un village, nous prenons un auto-stoppeur. Il s’agit d’un professeur d’école qui rentre chez lui à Puquio pour le week-end. C’est à environ 80km de notre point. Il nous explique que cette partie du plateau, la plus froide, est souvent enneigée.

 

 

Notre bivouac à Puquio n’a rien de charmant mais au moins, nous avons quitté les hautes altitudes. Un soudain mal de tête m’a pris et il n’était pas envisageable de passer la nuit sur les hauteurs.

Il nous reste 156 km pour rejoindre Nazca. Cela n’a pas l’air beaucoup mais croyez-moi, en montagnes, ce n’est pas rien.
Nazca approche à grands pas. Nous devinons l’océan au loin tout derrière. Cela fait un sacré bail que nous n’avons pas vu la mer. On s’en réjouit même si nous savons que la ville est encore à 80 km de la côte.

 

 

NAZCA : 

La ville de Nazca est très connue pour ses incroyables géoglyphes. Il s’agit de très grands dessins tracés dans le sol.
Ils auraient été réalisés par le peuple Nazca entre l’an -500 (certains pensent -200) et l’an 500 de notre ère.
Afin d’en apprendre davantage sur ces étranges tracés, nous nous rendons au petit planétarium de Nazca pour y écouter l’exposé d’un passionné.

Les géoglyphes de Nazca constituent un phénomène géologique extrêmement intéressant qui utilise une technique tout à fait particulière : des pierres ont été déplacées pour définir le contour de lignes. Ensuite, la couche supérieure de la terre entre les contours de lignes a été grattée, révélant ainsi un sol plus léger et plus clair car non oxydé.
Sans sable ni poussière pour recouvrir la plaine, et avec très peu de pluie ou de vent pour les éroder, les traces ont ainsi traversé les siècles et sont restées quasi intactes.
Certains dessins ne sont visibles que du ciel mais d’autres peuvent être vus depuis des miradors érigés pour l’occasion, voir même depuis la route.

Sur une superficie d’environ 500 km2 sont gravées une grande variété de figures d’animaux, de plantes, de symboles et d’autres étranges figures de même que des formes géométriques et des milliers de lignes droites de différentes longueurs qui rejoignent d’autres lignes, comme un immense réseau de sentiers.
Leur interprétation semble défier toutes les imaginations…

 

 

Les lignes sont les plus nombreuses de tous les dessins. Pour certains archéologues, ces lignes représenteraient une sorte de carte pour arriver aux endroits où avait lieu les cérémonies religieuses.
Pour d’autres, certaines figures seraient liées directement aux constellations. Le peuple Nazca aurait compris la forte corrélation entre le soleil, la lune, les étoiles et la terre.

 

 

Afin de dessiner ces milliers de géoglyphes, le peuple Nazca aurait déplacé des fragments de pierres sur environ 1.000 ans, sous de multiples générations.
Sacré bleu, ils ne devaient pas s’ennuyer !

 

Mais pourquoi ces dessins ont-ils été si importants pour cette culture ancestrales et réalisés de façon à ce qu’il soit plus probable de les apercevoir du ciel ?
Certains pensent que ces dessins ont été configurés ainsi pour que les dieux puissent les voir d’en-haut. Ils croyaient que les dieux contrôlaient les phénomènes météorologiques. Dans une région aride où il ne pleut que très rarement, l’eau avait une importance majeure. Certaines figures auraient donc été créées dans le but d’invoquer l’eau dans ce désert.
Mais, ces dessins ne peuvent être pris de façon isolée. Il faut apparemment les considérer comme une grande scène sur laquelle se jouait une incroyable histoire humaine.

 

 

Ces lignes et dessins extrêmement grands ont été découverts seulement lorsque les premiers vols commerciaux ont traversé le désert dans les années 1930.
Maria Reiche Neumann, une archéologue allemande arrivée dans ce désert en 1941, a consacré plus de 40 ans de sa vie à l’investigation et à la préservation du site archéologique près duquel elle est décédée en 1998.
Ce « Mystère du désert », comme elle aimait à l’appeler, continue d’attirer des milliers de curieux, chercheurs et érudits.

 

 

 

ICA :

Notre prochaine étape est la ville d’Ica, avec la découverte de l’un ou l’autre de ses vignobles et la laguna Huacachina, à proximité.
Région du pisco, la boisson nationale du Pérou, la région d’Ica compte plusieurs vignobles.
Celui que nous avons sélectionné est malheureusement fermé. Nous en choisissons un autre à proximité où il est possible de déjeuner. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le « Pisco sur » y est préparé avec beaucoup de soins et le « ceviche » est loin de nous décevoir. Nous testons également un vin blanc doux intéressant et tout à fait à notre goût. Avec le recul, dommage que nous n’en n’ayons pas acheté davantage !

 

La laguna Huacachina est une lagune entourée de très hautes dunes de sable où il est possible de s’adonner au  sandboards, au parapente ainsi que de faire un tour en ATV (sorte de petit buggy 4×4). Cela ne nous intéresse pas spécialement mais nous y trouvons un petit lieu avec piscine pour nous y poser deux jours.
Le week-end, c’est assurément blindé de monde, mais en semaine, c’est nettement plus tranquille.

 

 

 

Non loin d’Ica, à une cinquantaine de Km environ plus au sud (donc marche arrière), se trouve également le Canyon de Los Perdidos sur lequel nous faisons une impasse. Nous avons déjà vu tellement de magnifiques canyons aux USA que nous craignons d’être quelque peu déçus au vue de certains commentaires sur le net.

 

Après ces deux jours de plein repos, nous reprenons la route vers le nord en direction de la Réserve National de Paracas où nous passons quelques jours.
Nos amis Luc et Sabine, accompagnés de leur fille qu’ils doivent reconduire à Lima dans quelques jours pour prendre l’avion, nous y retrouvent. C’est donc ensemble que nous nous lançons à la découverte de ces lieux encore sauvages et bien préservés.

 

 

Riche réserve côtière de 335.000 hectares, elle est la seule réserve naturelle à être protégée contre le courant de Humboldt et ses eaux gelées. Toutefois, les courants marins extrêmement froids produisent une grande quantité de planctons dont se régalent de nombreux poissons.

On y croise des flamands roses du Pérou, des pélicans, des goélands gris, des sternes incas, des cormorans de Gaimard et de Bougainville, et ainsi que quelques autres espèces dont nous ignorons le nom.

 

 

La sterne inca

 

Sterne inca

 

 

 

La réserve de Paracas est en quelque sorte une succession de falaises abruptes et de plages, un désert qui se jette dans le Pacifique.

 

Le condor des Andes

 

Des goélands à bec jaune

 

 

Un de nos bivouacs protégé des ventes  juste à l’entrée de la Réserve Nationale de Paracas.

 

Au large de Paracas se trouvent les îles Ballestas, un chapelet d’ilots accessibles depuis le port de pêche de Paracas.
Selon l’état de la mer, il faut compter environ une bonne heure et demie pour atteindre les îles Ballestas.
On y exploite le guano, une substance déposée par la multitude d’oiseaux qui y trouvent refuge.
Précieux engrais, il est exporté vers l’Europe et l’Amérique du Nord. Depuis un certain temps, son extraction y est très réglementée. On estime une production d’environ 1000 tonnes de guano annuels prélevées tous les 7 ans.
Grâce à la quantité de poissons présente dans ses eaux froides, les îles constituent une véritable réserve ornithologique où cohabitent différentes variétés d’oiseaux marins ainsi que des otaries et des manchots de Humboldt. Cela représenterait une soixantaine d’espèces d’oiseaux.

C’est ainsi que nous décidons de prendre le bateau pour aller découvrir ces ilots au large de Paracas.
En chemin, nous croisons un bateau de pêche relevant ses filets dans lesquels circulent quelques curieux en quête de son contenu…

 

 

Nous passons également à côté d’un géoglyphe en forme de chandelier, visible uniquement depuis l’océan, malheureusement quelque peu plongé dans la brune matinale.. Il avoisine les 180 mètres de hauteur.

 

 

Le puissant fertilisant appelé guano, issu de l’excrément des oiseaux nichant sur les îlots, est très mal-odorant.. Alors les sensibles des naseaux comme moi, abstenez-vous ou bouchez-vous les conduits !

 

 

 

Sternes Inca s’accouplant

 

Pingouins de Humboldt

 

 

Nous avons beaucoup aimé ces magnifiques points de vue sur l’océan ainsi que les envols groupés de ces multitudes d’oiseaux qui dessinent dans les airs une chorégraphie incroyablement gracieuse.

Il est temps maintenant pour nous de quitter ces lieux apaisants et de prendre doucement la route pour Lima, capitale du Pérou.
A bientôt donc du côté de cette métropole bouillonnante !

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marcel moens
marcel moens
3 mois il y a

Que d’exploits sportifs, et que de découvertes, en montagne et en mer. Il faut avoir la santé! Lima va vous changer. Bonne route!

Alain godefroid
Alain godefroid
3 mois il y a

J’avais déjà été très impressionné par votre aventure au Machu Picchu (sans parler de toutes les précédentes), mais je suis bluffé par celle au pays Nazca car j’ignorais que l’on pouvait s’approcher des dessins. Extraordinaire histoire mystérieuse que celle-ci. Vous me faites rêver, merci.

Patricia EECKHOUDT
Patricia EECKHOUDT
3 mois il y a

Pour voir toutes ses merveilles il faut en effet être sportif. Bonne route pour LIMA.
Bisous

rul
rul
3 mois il y a

Qu’est ce qu’on apprend grâce à vous !

Doe zo voort !

Besos .

rul
rul
3 mois il y a
Répondre à  rul

Quelle aventure !

ALCOL
ALCOL
3 mois il y a

Hello les amis,
Lagon rose et peuple migrateur (perhaps) sont tout bonnement enchanteurs…
Merci pour ce moment d’observation, de repos et de transition avant le brouhaha de la Capitale.
Biz à partager
Colette et Alain