Sur la route de Salt Lake City…

 

 

Sur la route vers Salt Lake City, en quittant Moab par la 128, puis la 70, nous bifurquons bien vite à droite et empruntons la petite 29 vers Castle Dale, une piste qui traverse une région pour quasi déserte sur des dizaines et des dizaines de km. Nous souhaitions éviter les grandes axes et bien nous en a pris : cette piste était magnifique et les bivouacs, superbes, dans un dédale de montagnes et un canyon que l’on aurait dit presque « oublié de tous ».
Puis, nous avons pris à droite, la 8, puis à gauche la 131 vers Fairvieuw.
Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez toujours vous référez à notre itinéraire repris en intégralité sur notre site, mais parfois une petite précision en direct ne fait pas de mal.

 

Bivouac pour la nuit

 

Dans ce canyon, nous tombons par hasard sur quelques pans de murs qui comportent de très anciens pétroglyphes relativement bien préservés.
Ces peintures, nichées en plein coeur de ce grand territoire, sans âme qui vive à des hectares à la ronde, nous laissent à nouveau le sentiment d’être infiniment petits face à ce décor sauvage et immense où vécurent autrefois différentes peuplades.

 

 

A la sortie du Canyon, quelques petits villages se succèdent.
Nous décidons d’emprunter une piste forestière au départ d’Orangeville vers Ephraim. Cette dernière semble passer un col à 3.000 mètres et nous voulons voir comment se comporte notre « char d’assaut » avec l’altitude (et l’Euro 6).
Une route sinueuse nous fait traverser un autre petit canyon, jusqu’à la Joe’s Valley Réserve, un réservoir d’eau formant un grand lac. Puis, la route devient une piste qui se rétrécit à mesure que nous grimpons les montagnes. Un écriteau nous informe que cette piste n’est pas dégagée en hiver. Comme nous ne sommes plus en hiver, nous nous risquons à l’emprunter, bien qu’il neige toujours par épisodes et que les sommets des montagnes sont encore bien enneigés !!! « Même pas peurs » 🙂

Après une bonne quinzaine de km, nous tombons sur notre premier obstacle : un sapin, couché sur la route, bloque la voie. Ce n’est pas bien grave…  Après une 1/4 h de travail à l’aide d’ une bonne hache, nous en venons vite à bout. Nous avons vraiment envie de passer ce col par cette piste forestière …

 

Passé trois petites congères de neige sans difficulté, nous restons malheureusement coincés dans la quatrième congère, plus épaisse qu’elle ne laissait paraître. Et solidement bien coincés !!!
La neige est épaisse et lourde d’eau parce qu’elle gèle la nuit et dégèle en partie en journée. Nos 2 axes sont en fait complètement encastrés dans la neige glacée.
He oui…, voilà ce qui se passe quand on se croit plus fort que les éléments 😉

 

 

A des kilomètres de toute habitation, seuls et sans réseau téléphonique, c’est clair qu’on ne peut compter que sur soi-même… Personne pour vous tracter. Pas un copain à appeler.
C’est ainsi que, chacun une pelle à la main, (JP autour du camion et moi en-dessous), nous oeuvrons 4 bonnes heures pour nous sortir de cette panade, mais nous y arrivons !
Marche arrière, dieu sait ce que nous allons encore trouver plus loin, et il se remet solidement à neiger.
Adieu route forestière, on t’aimait bien, mais là, on n’a plus 20 ans 😉
Petit hic, pas moyen de faire demi-tour, la route est trop étroite…
Nous entamons donc la descente en marche arrière sur plus de 600 mètres afin de trouver un endroit pour faire demi-tour.
Nous en trouvons finalement un dans un tournant, mais au cours de la manoeuvre, nous glissons dans un corridor de boue à flanc de montagne et restons avec deux roues coincées cette fois dans la boue.

 

Rebelotte :  pelles et pierres auront raison de ce dernier traquenard. Nous retrouvons le lac en bas de la piste ainsi que le macadam et, quelque peu épuisés par cette aventure, nous y passons la nuit, heureux toutefois d’avoir pu nous sortir seuls sans casse.

Le lendemain matin, en redescendant sur Chester, nous empruntons cette fois une bonne route dégagée, la 132, pour passer le col. Cette dernière passe à près de 3.000 m aussi… Nous ne l’avions pas vu !

Et, 3.000 mètres finalement, ce n’est rien. Le moteur se comporte de façon totalement identique, il a juste un peu plus soif que d’habitude… Attendons l’Amérique du sud, là, ce sera au-delà des 4.000 mètres ! Un autre défi, apparemment, pour un véhicule Euro 6.

A la sortie des canyons et des routes de montagne, nous traversons d’immenses plaines à perte de vue où paissent de grands troupeaux de moutons. C’est le printemps et certains jeunes savent à peine marcher. Il semble y en avoir un qui a dû naître il y a peu : il a encore son cordon ombilical qui pendouille et sa position debout est bien fébrile.

Mmmmh, on se dit qu’aux prochains villages, nous allons certainement trouver un bon petit gigot d’agneau… Eh bien non, et ce n’est pas faute d’avoir demandé pourtant.
Mais que font-ils de tous ces moutons ???

 

En route pour Little Sahara. Juste un petit tour et on s’en va.

 

 

Encore un petit col de montagne à passer et nous arriverons à Salt Lake City.
Le ciel est menaçant, mais il semble que nous avancions plus vite que lui. Nous n’en subirons que quelques gouttes.

 

Connaissez-vous Bonneville Salt Flats ? Ou, peut-être devrais-je vous demander : connaissez-vous l’histoire de « Burt Munroe » ?

Avant de nous rendre à Salt Lake City (toujours en Utah), nous faisons un long détour jusqu’à la frontière du Nevada. Non loin de la frontière, se trouve une immense plaine de 260 km2, couverte de sel, qui provient de l’évaporation d’un ancien lac, survenue après la dernière glaciation. L’épaisseur y serait de 1,8 mètres par endroit.
Cet immense salar (à 185 km à l’ouest de Salt Lake City) est devenu, depuis les années 1930, un lieu mythique, internationalement connu pour ses courses de vitesse.
L’endroit est fréquenté par les coureurs automobiles et de motos.

Avec les pluies de ces derniers jours, le salar est totalement recouvert d’eau, mais l’eau est chaude et on peut s’y balader jusque tout au fond sans problème. On sent les cristaux de sels durcis sous nos pieds. Un bon rinçage sera nécessaire à la sortie !

 

 

Mais, je ne vous ai pas expliqué pourquoi cet endroit nous a tant attirés…
Tout d’abord, c’est un bel endroit, vraiment étonnant. Mais aussi, nous avions adoré le film « Burt Munroe », joué par Anthony Hopkins. Ce film raconte l’histoire vraie, certes un peu romancée, d’un Nouveau-Zélandais décidant de faire la route jusqu’à Bonneville Salt Flat pour participer à la fameuse course de vitesse avec sa vieille moto Indian Scout de 850 cm3 et ce, à l’âge de 63 ans !
Ne s’étant pas inscrit dans les délais requis, il faillit ne pas pouvoir concourir lorsqu’il arriva enfin à Bonneville… Mais, c’était sans compter sur sa personnalité volontaire et touchante.
Alors que personne ne croyait en son potentiel, Burt Munroe a bel et bien battu le record de vitesse sur le salar de Bonneville en 1962 en roulant à 288 km/h avec son Indian de 850 cm3 !!!
Il y est retourné plusieurs années consécutives et, depuis 1967, son record de vitesse de motos de -1000 cm3, à 295 km/h, n’a jamais été battu.

 

 

 

Salt Lake City, la capital des Mormons :

Nous voici au pied du fameux temple Mormon, accessible uniquement aux baptisés.

A l’intérieur du Visitor Center, une grande maquette, protégée d’une vitre, nous donne un léger aperçu de l’intérieur…

L’Histoire raconte que le prophète Brigham Young serait arrivé à Salt Lake City, le 24 juillet 1847, après un long voyage en charriot de plusieurs milliers de miles depuis Nauvoo, en Illinois.
Quatre jours plus tard, touché par une inspiration divine, il aurait désigné ce lieu comme étant celui où le temple devait être construit.
Il aurait dit : « Je veux que ce temple demeure toujours un monument fier de la foi, de la persévérance et de l’industrie des Saints de Dieu, dans les montagnes, au 19ème siècle… ».

Nous ne connaissions vraiment pas grand chose sur la religion mormone et une rencontre inattendue avec Harchibald Bradly, Chairman of The Church of Jesus Christ of Latter-day-Saints,  nous en appris bien davantage. Nous tenons particulièrement à le remercier pour la visite privée du Centre de Conférence qu’il nous a fait faire, un bâtiment dont ils sont très fiers, situé juste en face du Temple.

Sur le toit aménagé en jardin du centre de conférence de « Church of Jesus-Christ of Latter-day Saints »

Une galerie d’art comportant des tableaux liés à l’histoire des mormons, ainsi qu’une galerie de photos de tous les disciples et du prophète occupent tout un étage.

Ce théâtre, qui est utilisé notamment pour la conférence générale semi-annuelle de l’Eglise de JC des saints des derniers jours, comporte 21.000 sièges. Le plafond, au-dessus duquel se trouve un immense jardin terrasse en granit, ne comporte aucune colonne pour le soutenir. Cet exploit, il faut le souligner, a été possible grâce à la construction de poutrelles d’acier étudiées et fabriquées… en Belgique ! Pas mal, les petits belges 😉

 

Nous n’avons pas encore précisé que l’Utah est symbolisé par la ruche. Chaque état comporte en fait un symbole, souvent logique, comme pour le Montana, représenté par un pic, une pelle et une charrue symbolisant les richesses minérales et agricoles,  par exemple.
Mais pourquoi, bon dieu, la ruche en Utah ? Eh bien, c’est là que l’histoire des Mormons prend toute sa place :
Lorsque les membres de l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (on pourrait difficilement faire plus long…) ont décidé de quitter l’Illinois, après la mort de leur créateur, Joseph Smith, et menés par son successeur Brigham Young, ils s’installèrent en Utah, là où personne ne remettait en question leur foi.
L’Utah devint leur terre promise et, au final, plus de 70.000 mormons vinrent s’y installer. Salt Lake City devint ainsi une plaque tournante pour créer de nouvelles colonies en Utah et plus à l’ouest.
Brigham Young était très favorable à cette politique expansionniste et avait même créé un état provisoire, le Deseret, qui ne fut jamais reconnu.
Ce mot, Deseret, était tiré du livre de Mormon, et voulait dire, en fait, « abeille à miel ».
Voilà comment la ruche, emblème du Deseret, est restée sur le sceau de l’état de l’Utah lors de son intégration à l’Union en 1896.
Pour les Mormons, cette ruche désigne tout simplement leur faculté à travailler dur, à s’organiser et à s’installer comme ils l’ont fait au XIXe siècle.

 

A notre retour de cette visite, nous trouvons un petit papier sur notre pare-brise, nous invitant à partager leur repas du soir.
Intrigués par ces hôtes inconnus, nous leur téléphonons et acceptons une soirée bien sympathique avec un couple de jeunes voyageurs, habitant Salt Lake City (lui était du Texas, et elle, de Californie).
C’est autour d’une délicieuse pizza maison que nous en apprenons encore davantage sur cette région.

 

Le lendemain, au retour de quelques courses, nous trouvons à nouveau un sympathique petit message sur notre pare-brise : « Hey, I’m a Belgian here in Bountiful. Feel free to call me. Hade ».
Je ne vous dis pas quelle ne fut pas notre surprise de rencontrer un couple de belges, installés ici depuis près de 10 années.
Hadewich et Frederic nous accueillent, avec énormément de chaleur et de gentillesse, dans leur jolie maison située sur les hauteurs de Salt Lake City, avec une vue imprenable sur le lac.
Après quelques instants passés ensemble, et un sentiment de se connaître au fond de nous, nous réalisons tout d’un coup que Frédéric et moi-même avons travaillé pour le même Groupe, au même endroit, mais pour deux entités distinctes. Nous partagions en réalité le même restaurant et avions certains locaux communs. In-croy-able, mais vrai !!!
De plus, leurs grands amis, Jean-François et Laurence, sont également des connaissances à nous.

Nous passons un jour et demi et deux sympathiques soirées ensemble, comme si nous étions de vieilles connaissances.
Ils nous emmènent visiter l’île d’Antelope où nous faisons un super trek à la recherche des bisons et des antilopes. Pari gagné, Frédéric 😉

 

 

Une petite initiation au lancement du lasso… eh, pas si facile que ça, finalement.
Merci les amis pour ces merveilleux moments passés ensemble, nous ne les oublierons jamais !

Nous les quittons en espérant un jour les revoir, qui sait, en Belgique peut-être… si nos routes s’accordent 😉

Vue d’un côté du sommet d’Antelope Island.

 

Maintenant, il est temps pour nous de monter vers Grand Téton et Yellowstone National Park.
Nous empruntons la route montagneuse 89 qui passe par Bear Lake où nous nous posons un peu au bord du lac.

Puis, deux jours plus tard, nous atteignons la petite ville de  Jackson, en traversant, un peu avant, le petit village de Montpelier (Idaho) dont la banque fut braquée par le plus célèbre pilleur de banques et de trains, Butch Cassidy, qui sema la terreur dans plusieurs états durant la fin du 19ème siècle.

Une petite 1/2h dans cette ancienne banque, juste pour le fun et nous voilà repartis.

 

 

Jackson et ses rodéos : 

A Jackson, on sent encore bien la présence du vieil Ouest, celui des Cowboy qui dirigeaient autrefois le bétail dans les plaines fertiles aux herbes bien grasses.
Certaines traditions cowboy se perpétuent ici depuis plusieurs générations et une soirée à Jackson Hole Rodeo vous met vraiment dans l’ambiance de cette vie proche de la nature.

Sur boeufs comme sur chevaux, il faut tenir bon… avec de sacrés coups dans les vertèbres !!!
Il y avait vraiment une super ambiance.

Voici, ci-dessous, trois petits vidéos pour vous en donner une petite idée.

On n’est pas encore très au point avec les chargements de vidéos sur le site, surtout quand elles pèsent lourd, mais on va s’y atteler dans un avenir proche….
Cliquez sur le titre souligné en bleu et normalement, sur la barre basse de votre ordinateur, la vidéo devrait apparaître. Cliquez ensuite sur cette petite barre qui apparaît en dessous.

Rodeo

IMG_0801

 

A Bientôt !

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Leduc
Leduc
5 années il y a

Hi les aventuriers
4 bonnes heures dans la neige et la boue ensuite, vous avez sans doute bien dormi ensuite !
Continuez bien, y compris avec ce blog tip top.
( Sinon, sur l’Ipad, une seule vidéo IMG_0801, écrit en rouge et qui fonctionne )
Eric

Leduc
Leduc
5 années il y a

Et une autre vidéo en cliquant sur “vidéo “ en rouge

jp
Administrateur
jp
5 années il y a
Répondre à  Leduc

Merci mon cher Eric, nous vous attendons de ce côté de l’océan.

J-Luc
J-Luc
5 années il y a

bonjour et merci pour votre partage.
En ce qui concerne les capacités de franchissement d’un tel véhicule ( quel type de pneus?) c’est vrai que l’on est pas à bord d’un Defender!
A noter que dans les « must have » une tronçonneuse cela ne prend pas trop de place et peut être utile.
Bravo pour tout

jp
Administrateur
jp
5 années il y a
Répondre à  J-Luc

Nous utilisons des pneus chantier qui sont très efficace et peu brouillant sur route, ce qui représente plus de 95 % de nos trajets.
Ils ont actuellement 75.000 km et il devient temps de les changer pour de la piste, mais sur route, ils pourraient encore faire 25.000 km après un regravage.

Moens Marcel
Moens Marcel
5 années il y a

C’est toujours super sympa et enthousiasmant. Cela étant, il me semble que vous avez passé l’âge de jouer dans la neige avec seau et pelle. Keep goeing strong!

marie
marie
5 années il y a

Vos aventures sont de plus en plus croustillantes et palpitantes! J’adore l’idée de recevoir une invitation via un petit papier sur un pare-brise… on devrait faire ca plus souvent par ici aussi 😉 La maison se remplit de mexicains (Nathalie est encore là &0 jours et Genevieve arrive). On profite du beau temps. Bises à vous 2 et à bientôt. Marie&Co

Martine Carlier
Martine Carlier
5 années il y a

Passionnant … que d’aventures 😉 Merci pour ce partage. On s’y croirait 😉
biizz